Thèse soutenue

Epidémiologie des démences en Afrique centrale : Mortalité et incidence en population congolaise

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Auteur / Autrice : Harielle Anne-Claire Samba
Direction : Philippe LacroixMaëlenn Guerchet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique / Epidémiologie
Date : Soutenance le 04/04/2016
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences pour l'environnement Gay Lussac (La Rochelle ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Epidémiologie des Maladies Chroniques en zone Tropicale
Jury : Président / Présidente : Jean-François Dartigues
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Lacroix, Maëlenn Guerchet, Bebene Ndamba-Bandzouzi
Rapporteurs / Rapporteuses : Mofou Belo, Therese Sonan

Mots clés

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Résumé

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L’Afrique est confrontée à un vieillissement démographique sans précédent. L’âge étant le facteur principal dans la survenue des démences, l’Afrique devra affronter l’un des plus grands risques socio-sanitaire et économique du 21e siècle. Cette situation accentue la pression sur des systèmes nationaux de santé sollicités au-delà de leurs capacités. L’épidémiologie des démences est encore très peu connue en Afrique et la plupart des données existantes portent sur la prévalence. La démence étant une pathologie chronique et actuellement incurable, la prévention et l’amélioration de la qualité de la prise en charge des malades restent les meilleures armes pour la gestion de cette pathologie. Pour mieux aider les pays africains à bâtir des politiques de santé adaptées, il est important de fournir des données portant sur l’évolution (incidence et mortalité) de cette pathologie. L’objectif de nos travaux était d’estimer l’incidence des démences et le pronostic de ces pathologies en terme de survie. Notre travail a été réalisé à partir d’une cohorte de sujets âgés, habitant les zones urbaine et rurale de la République du Congo, recrutés lors de l’enquête de prévalence EPIDEMCA et suivis pendant deux ans entre 2012 et 2014. Dans un premier temps nous avons estimé la mortalité associée à la démence. La comparaison des taux de mortalité en fonction du statut cognitif a montré que les sujets déments avaient un risque de décès plus important. Ce risque était 2,5 fois plus élevé par rapport aux sujets normaux (HR= 2,53, IC95%: 1,42-4,49, p=0,001) et augmentait avec l’âge et la sévérité de la maladie. Concernant l’incidence, nous avons observé 23 (2,38%) nouveaux cas de démence et estimé une incidence brute de 15,79 (IC95% :10,25 – 23,32) pour 1000 Personne Année (PA). L’incidence standardisée à la population âgée d’Afrique Subsaharienne S était de 13,53 (IC95% 9,98 – 15,66). En tenant compte des différents facteurs analysés, l’âge (p=0,003) et un faible engagement social (p=0,028) (défini par un manque ou une faible participation aux activités communautaires) étaient les principaux facteurs associés à l’incidence de la démence en population congolaise. Globalement, nos résultats soulignent le fardeau que représente la démence pour l’Afrique et sont en parfaite adéquation avec ceux issus d’autres pays à faibles et moyens revenus et des pays à revenus élevés. Toutefois, il est difficile de généraliser nos résultats à la population africaine, car il s’agit d’un continent vaste avec des spécificités pour chaque population. La mise en place de programmes d’études multicentriques dédiés aux démences adoptant des méthodologies similaires serait souhaitable. Les politiques de santé relatives aux personnes âgées devraient intégrer la prise en charge des démences.