Thèse soutenue

Le juvenolecte réunionnais. Approches sociolinguistiques, morphosyntaxiques et lexico-sémantiques

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Auteur / Autrice : Olivier Lauret
Direction : Lambert-Félix Prudent
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 09/03/2016
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres et sciences humaines, Droit économie gestion, Sciences politiques (Saint-Denis, La Réunion)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche Langues, textes et communications dans les espaces créolophones et francophones (Saint-Denis, Réunion)
Jury : Président / Présidente : Philippe Blanchet
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Philippe Watbled
Rapporteurs / Rapporteuses : Gudrun Ledegen

Résumé

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À la Réunion, le créole et le français cohabitent dans un même espace linguistique avec un mode spécifique de variation. Selon bon nombre de linguistes, renvoyant au vieux modèle de la diglossie, il existerait deux variétés de créole qui s'organiseraient selon leur proximité avec le français, la basilectale (dite éloignée du français) et l'acrolectale (réputée plus proche du français). Dans l'ensemble de la communauté, la définition de dialectes nets et le cloisonnement linguistique n'apparaissent donc pas toujours de manière saillante. Ce que certains ont appelé la « décomplexification » de la tension diglossique s'est en fin de compte effectuée dans un laps de temps assez court compte tenu de l'urbanisation croissante et de l'arrivée massive des moyens de communication de masse. Un cadre citadin en pleine construction, de nouveaux rapports entre segments sociaux, des types de contact inédits entre générations, l'influence croissante des outils médiatiques dans le paysage local, une considération inattendue pour la parole sérieuse, artistique et prestigieuse proférée en créole tendent à modifier l'expression des aînés et la réception des plus jeunes. Au fond, un constat s'impose aujourd'hui, c'est que traitant du créole et du français, l'on ne peut plus parler de systèmes linguistiques discrets et autonomes qui se départiraient l'un de l'autre, selon une frontière nette et harmonieuse. Le gauchissement du français dans les pratiques langagières quotidiennes des locuteurs créoles entraîne alors des difficultés descriptives pour les linguistes qui ne parviennent plus à classer ce qui appartient au créole ou au français. Ainsi, au vu d'une pluralité de lectes entre deux pôles linguistiques, nous adoptons le concept de macro-système mis en évidence par une jolie forme macaronique et assumée : l'interlecte. Intégrant des angles d'approche variés, nos travaux n'ont pas pour prétention d'apporter toutes les réponses que suggèrent les problématiques qui gravitent autour des « parlers jeunes ». Nous nous proposons d'analyser des mots, des locutions, des expressions, des énoncés que nous entendons dans la bouche des jeunes et à la radio, que nous lisons dans des textes artistiques et sur les écrans des réseaux sociaux. Dès lors, après avoir tenté une saisie complexe et diversifiée de ce matériau, nous soumettons ces mots ou expressions à analyse afin de dégager le sémantisme le plus large et le plus nuancé possible, tout en analysant des structures syntaxiques caractéristiques, notamment l'usage des auxiliaires verbaux, des pronoms ou des prépositions.