Thèse soutenue

Hétérogénéité individuelle, variabilité temporelle et structure spatiale comme sources de variation démographique chez les grands herbivores de montagne
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Auteur / Autrice : Quentin Richard
Direction : Anne LoisonMathieu Garel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biodiversité écologie environnement
Date : Soutenance le 08/12/2016
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'écologie alpine (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Jean-Christophe Clément
Examinateurs / Examinatrices : Anne Loison, Christophe Bonenfant
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Pélabon, Christophe Barbraud

Mots clés

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Résumé

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Dans l’hémisphère Nord, les populations de grands herbivores ont connu ces dernières décennies des modifications environnementales majeures, liées d’une part à l’augmentation importante de leur densité, et d’autre part aux changements globaux qui affectent leur habitat (notamment réchauffement climatique, modification des activités humaines, et fragmentation de l’habitat). Mieux comprendre comment ces espèces vont adapter leurs stratégies d’histoire de vie pour répondre à ces modifications est une question majeure de l’écologie des populations, et une étape nécessaire pour pouvoir adapter leur gestion aux enjeux environnementaux et sociétaux actuels. C’est dans ce contexte que nous avons étudié quelles étaient les sources de variation des tactiques de survie et de reproduction chez trois espèces de grands herbivores de montagne (l’isard Rupicapra pyreneica, le chamois Rupicapra rupicapra, et le mouflon méditerranéen Ovis gmelini musimon × Ovis sp.). A partir de suivis longitudinaux par capture-marquage-recapture (CMR) nous nous sommes plus particulièrement focalisés sur le rôle de l’hétérogénéité individuelle latente, de la variabilité climatique et de la structuration spatiale sur les paramètres démographiques.Ce travail s’est appuyé sur l’utilisation de modèles de mélange et d’une combinaison innovante du robust-design et des modèles multi-événements pour analyser des données démographiques collectées à différentes échelles spatio-temporelles. L’hétérogénéité individuelle s’est avérée être une composante majeure de la démographie des 3 espèces étudiées, avec l’identification chez le mouflon et l’isard de femelles aux performances reproductives contrastées, et l’existence chez le chamois de différences de survie entre individus liées à la qualité de l‘habitat occupé. Ces modèles ont aussi permis de révéler une augmentation de l’investissement reproducteur en fin de vie chez les femelles de mouflon au détriment de leur survie et d’étudier chez les femelles d’isard les différentes phases de l’effort reproducteur, de la gestation au sevrage, pour mettre en évidence que seule la lactation a un coût sur la reproduction suivante. Nos résultats ont également mis en exergue le rôle prépondérant du climat hivernal et printanier sur les paramètres démographiques des 3 espèces, tout en confirmant que ces effets sont souvent spécifiques à la population et au site étudiés. Cette étude montre également que l’isard et le mouflon, bien que relativement comparables en termes de taille, de traits écologiques, et de position phylogénétique, adoptent des stratégies d’histoire de vie contrastées.Au final, nos résultats soulignent donc l’importance des études démographiques comparatives à plusieurs niveaux d’organisation (inter-espèces, inter-population, intra-population), pour mieux comprendre le devenir des espèces de grands herbivores face aux perturbations environnementales.