Thèse soutenue

Discours, idéologies linguistiques et enseignement du français à l'Université de Moncton

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Auteur / Autrice : Samuel Vernet
Direction : Claudine Moïse
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage Spécialité Linguistique Sociolinguistique et Acquisition du langage
Date : Soutenance le 18/11/2016
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE) en cotutelle avec Université de Moncton (Canada)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles (Grenoble, Isère, France ; 1987-....)
Jury : Président / Présidente : Marinette Matthey
Examinateurs / Examinatrices : Annette Boudreau, Matthieu Leblanc
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilles Forlot, Simo Määttä

Mots clés

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Résumé

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L’objectif de cette thèse est d’étudier les discours et les idéologies linguistiques présentes dans l’enseignement du français à l’Université de Moncton, en Acadie du Nouveau-Brunswick (Canada), région francophone minoritaire. A travers les concepts clés que sont les « idéologies », le « discours », les « normes linguistiques », l’objectif est de comprendre quels sont les discours et les idéologies qui circulent dans l’enseignement du français. Quels discours sont légitimes, dominants ? Comment et pourquoi certains deviennent hégémoniques ? Quels enjeux de pouvoir, quels intérêts, des acteurs sociaux (professeurs, étudiants, personnels) révèlent-ils ? Et de quelles idéologies sont-ils les actualisations ? Comment et pourquoi ces idéologies sont investies par ces acteurs, qui en a le bénéfice ? De manière générale, il s’agit d’interroger le rôle de l’enseignement du français dans la construction idéologique : c’est-à-dire quelles idéologies l’enseignement contribue-t-il à construire / diffuser / reproduire ? Il s’agit aussi d’interroger le rapport à la langue des personnes, en regard des changements certes linguistiques, mais aussi économiques, sociaux, politiques.Ces questions ont été investiguées au moyen d’une enquête ethnographique d’un an dans les locaux de l’Université de Moncton. Différentes méthodes de recueil de données ont été mises en place : observation participante (notamment des cours de français obligatoires, qui ont été suivis durant un semestre), entretiens avec les étudiants et les professeurs, collecte de documents et de rapports internes (pour saisir les aspects institutionnels). L’ensemble des données forment un corpus de discours analysé au moyen de l’analyse critique de discours et de l’analyse argumentative de discours. Il s’agit donc d’une démarche interprétative, la mieux à même selon moi, de proposer une vision fine de dynamiques sociolinguistiques complexes.Les analyses révèlent une volonté d’enseigner un français dit standard, forme idéalisée, supposée stable et plus ou moins universelle, ce qui lui confèrerait une importance et une utilité plus grande dans l’espace public. Or, dans le même temps, la conscience aigüe des enjeux identitaires derrière les questions linguistiques impose aux professeurs de traiter la question des vernaculaires, et notamment du chiac. Quelle place leur faire ? Comment les gérer en classe ? En d’autres termes, la présence à la fois d’une idéologie du standard très implantée et de discours liés à la diversité linguistique et à la protection des identités, crée une série de tensions et de négociations qui sont analysées dans cette thèse.Suivant l’orientation que je donne à l’étude des idéologies, ces tensions sont analysées en termes de rapports de pouvoir institutionnalisés et de processus de domination, et vues comme potentiellement créatrices de discriminations et d’inégalités. Ces dynamiques sont observées dans leur rapport avec une situation de minorisation, c’est-à-dire en ce que la minorité (au sens démographique du terme) peut être le résultat de rapports de forces, mais aussi dans sa capacité à en générer d’autres ou à en dissimuler.