Thèse soutenue

Habiter l'in-vu : formes de visualisations sonores

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Auteur / Autrice : Eléonore Bak
Direction : Grégoire Chelkoff
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 30/06/2016
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur l'espace sonore et l'environnement urbain (Grenoble ; 1979-1998)
Jury : Président / Présidente : Catherine Grout
Examinateurs / Examinatrices : Annie Luciani
Rapporteurs / Rapporteuses : Marcin Sobieszczanski

Mots clés

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Résumé

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Le paysage sonore relève de la discrétion. L’écoute est une expérience solitaire dont le raffinement potentiel reste difficile à cerner par le langage, contaminé par l’image.Il existerait pourtant des formes de visualisations sonores dans l’art, qui nous permettraient paradoxalement d’aller au plus près des nuances de l’écoute et de révéler des aspects in-vus du paysage. Oubliés, inconscients, peu ou non encore repérées, mais non muets pour cela, ils participeraient à notre habiter. L’expérimentation constructive, c’est-à-dire l’écouter renforcé par un modus operandi spécifique, « la plongée », sorte de technique de chute, progressivement réelle, virtuelle autorisant des ajustements posturaux très fin, et le représenter quasi aveuglément, nous aiderait à les retrouver. La visualisation sonore opèrerait d’abord comme un outil de médiation. Parce qu’elle jongle délibérément avec la multi-sensorialité, elle permettrait de distinguer entre ce qui est donné à voir (figure) et ce qui est donné à vivre (fond).Elle fonctionnerait ensuite comme un support d’analyse, qui nous permettrait d’examiner l’action in situ in vivo d’un corps qui non se représente, mais qui trace pour mieux s’inscrire dans le mouvement. Doté d’une haute réceptivité et créativité, il serait capable d’assimiler le jeu d’une playing aura toujours plus actuelle par la convolution des gestes corporels (postures d'écoute, gestes plastiques) et ambiants (le « déjà là » sans qu’on en ait forcément conscience : les effets de la forme construite, les effets climatiques, culturels et sémantiques). Le mouvoir ensemble des corps et corporéités se densifierait momentanément sous forme de nœuds. L’organisation discrète, néanmoins concrète de ces figures de synthèse des transitions, de ces sommes, esthétiques, sensibles et intensives, que nous appellerons aussi des « motifs » de l’écoute, serait typique. Nos modes exploratoires et de restitution nous appendraient à les lire. Cela nous permettrait non seulement de nous comprendre en tant qu’êtres parmi des créatures tempérées, mais de découvrir un paysage simultanément guide et conséquence, dont l’habiter/construire se déclarerait dans et par son architecturation élastique, poreuse et à pouvoir intime. Nous serions alors en mesure d’opérer un bougé d’apparence du paysage. Nous examinerons l’ensemble de ces expériences à l’aide de notre corpus premier (d’origine artistique), tout en les raisonnant à l’aide de critères d’évaluation mixtes (Art, Architecture). Nous vérifierons nos modes d’exploration et de restitution à l’aide d’examens cognitifs. Nous les réfléchirons encore à travers des arguments phénoménologiques et philosophiques. Nous-nous intéresserons ensuite aux environnements artificiels. Nous pensons en effet qu’ils interviennent dans la texture de nos expériences. Comme elles instaurent des gestuelles normées qui assistent de plus en plus nos actes contemporains d’habiter/construire, elles méritent d’être évaluées. Tout en nous appuyant ici sur notre corpus second, qui se compose d’enquêtes auprès d’autres sujets percevants, nous analyserons les conséquences d’une telle incarcération technologique des gestes et plus précisément le comment elle interfère avec nos perceptions et nos représentations. Nous examinerons également des interfaces sensoriellement et gestuellement enrichies. Nous y étudierons les étiquettes, les décalages et les handicaps culturels. Nous réfléchirons enfin sur l’incorporation de nos mesures à l’intérieur des outils et maquettages existants. Nos modes d’exploration et de restitution s’illustreraient comme des auxiliaires de l’écoute sensible, qui deviendrait communément partageable. Instruments-mêmes d’une linguistique de l’in-vu, dont le spontané sophistiqué nous aiderait de nous mettre à la place de l’autre, ils permettraient de créer des connexions, de partager et de croiser nos idées, de faire évoluer nos interconnaissances et de concevoir des constructions collaboratives.