Thèse soutenue

Se disputer le "vrai" racisme : qualifications ordinaires, enjeux moraux et frontières symboliques : une étude d'un corpus de commentaires d'internautes.

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Auteur / Autrice : Matthieu Mazzega
Direction : Jacques Barou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 06/06/2016
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France)
Jury : Président / Présidente : Alain Blanc
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Bertossi, Dietmar Loch

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse interroge les cadres moraux et symboliques par lesquels les individus se saisissent et se disputent la question du racisme en France. La problématique générale porte ainsi sur les modalités de qualification du racisme d’une part et sur les enjeux de cette qualification de l’autre. Pour répondre à cela, cette recherche s’appuie sur un large corpus de commentaires d’internautes extraits des sites de Libération et du Figaro dans le cadre de dix affaires faisant intervenir, dans des proportions diverses, la question du racisme. L’analyse se présente ainsi en trois temps. En premier lieu, la thèse reprend les principales analyses sociologiques du racisme en France. En pointant la dynamique de celles-ci et en posant certaines hypothèses quant au formes contemporaines du racisme, cette première partie démontre la nécessité à une approche « par le bas » du racisme et ce par l’idée de la « question du racisme » en France. En un second temps, l’analyse empirique se focalise alors sur les supports et enjeux de la qualification du racisme. Inspirés par la sociologie pragmatique et l’approche phénoménologique, nous nous attachons alors à identifier comment les participants construisent, justifient ou réfutent une relation entre un évènement particulier et la question du racisme. L’identification des connaissances ordinaires et des objets particuliers supportant cette relation permet alors de discuter comment les individus qualifient le racisme « en situation ». En parallèle, l’analyse porte également sur les conflits qui naissent entre les individus vis-à-vis de ces même processus de qualification. En effet, loin d’être consensuel, le travail de qualification du racisme est marqué par une très grande diversité de formes et de contenus. De là, en suivant les cadres et enjeux de ces controverses, cette thèse s’intéresse à « ce que veut dire » le racisme dans les discussions ordinaires. Enfin, dans un troisième temps, l’analyse porte sur les manières dont les participants relient responsabilité du racisme et appartenance. Que ce soit par l’intermédiaire de la « classe » ou de la « race », au sein des discours étudiés, l’origine et la responsabilité du racisme sont régulièrement attachées à des positions sociales particulières. L’exploration de ces liens et des frontières symboliques qui s’en dégagent démontre que ce sont là encore certains cadres moraux et symboliques particuliers qui balisent ces rapprochements. La thèse montre que la question du racisme lorsqu’elle intervient dans des discussions ordinaires renvoie à un univers moral particulier. Loin de discuter uniquement la présence et/ou la définition du phénomène du racisme, les individus s’appuient sur cette question pour discuter des valeurs morales légitimes ou non et plus loin pour les distribuer entre les groupes, définis socialement ou racialement. En retour, nos conclusions mettent alors en lumière une disjonction importante entre phénomène du racisme et question du racisme au niveau ordinaire et discutent alors les conséquences de cet écart sur la dynamique et la visibilité du véritable racisme.