Mobilisations philanthropiques transnationales : les « Amis Américains » des institutions culturelles françaises

par Anne Monier

Thèse de doctorat en Sociologie politique

Sous la direction de Michel Offerlé.

Soutenue en 2016

à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales , en partenariat avec Centre Maurice Halbwachs (Paris) (laboratoire) et de Équipe Enquêtes Terrains Théories (Paris) (équipe de recherche) .

Le président du jury était Sébastien Chauvin.

Le jury était composé de Michel Offerlé, Sébastien Chauvin, Johanna Siméant, Laurent Jeanpierre, Shamus Rahman Khan, Sabine Rozier.

Les rapporteurs étaient Johanna Siméant, Laurent Jeanpierre.

mots clés

• Transnational
• Intermédiation
• Oeuvres de bienfaisance -- France
• Oeuvres de bienfaisance -- États-Unis
• Élite (sciences sociales) -- France
• Élite (sciences sociales) -- États-Unis
• Participation sociale -- France
• Participation sociale -- États-Unis
• Diplomatie
• Relations culturelles

Résumé

Notre thèse renouvelle l'analyse de la philanthropie, en offrant une perspective « par le bas » de celle-ci, la concevant comme relation de mobilisation. Fondé sur une enquête qualitative (entretiens, ethnographie, archives, analyse de documents) menée en France et aux Etats-Unis, ce travail se centre en particulier sur le cas des associations d'American Friends des institutions culturelles françaises. Croisant une thématique bien investie par les travaux sur la philanthropie individuelle nationale (la relation et les acteurs philanthropiques) avec une perspective transnationale, notre thèse pose la question suivante : Qu'est-ce que le transnational « fait » à la mobilisation philanthropique ? Elle interroge ainsi la manière dont la philanthropie au-delà des frontières conduit à une forme particulière de mobilisation des élites. Elle démontre que la mobilisation philanthropique transnationale nécessite la mise en œuvre d'une forme d'intermédiation diplomatique. Participant au renouvellement des études sur la diplomatie, en les croisant avec la littérature sur l'intermédiation, notre thèse dévoile les liens étroits qui existent entre philanthropie et diplomatie. S'intéressant aux acteurs, elle contribue à la sociologie des élites à travers l'analyse des luttes de pouvoir, des hiérarchisations et modes de distinction des élites dans une perspective transnationale. S'appuyant sur une approche compréhensive, elle met également en avant le rôle des représentations dans les relations inter- et transnationales. Enfin, adoptant une approche écologique, elle contribue aux réflexions sur les transformations de l'Etat, et notamment les reconfigurations public / privé.

Résumé

Our thesis refreshes the analysis of philanthropy by offering a "street level" perspective, conceptualizing it as a mobilization relation. Based on a qualitative survey (interviews, ethnography, archives and document analysis) conducted in France and in the US, this work focuses, in particular, on the case of the American Friends groups of French cultural institutions, which are organizations enabling American patrons to make tax-deductable donations to foreign institutions. Crossing a thème well investigated by the literature on national individual philanthropy (the question of philanthropie relations and actors) with a transnational perspective, our thesis asks the question: What does the transnational "do" to philanthropie mobilization? It thus questions how philanthropy beyond borders leads to a particular form of mobilization of the élites. It demonstrates that transnational philanthropie mobilization requires the implementation of a form of "diplomatie intermediation. " Participating in the renewal of studies on diplomacy, by crossing them with the literature on intermediation, our thesis reveals the close relationship between philanthropy and diplomacy. Focusing especially on the actors, it contributes to the sociology of elites through the analysis of power struggles, distinction, and hierarchizing among elites in a transnational perspective. Based on a comprehensive approach, it also highlights the role of representations in international and transnational relations. Finally, adopting an ecological approach, it contributes to the works on the transformations of the State, and, more specifically, reconfigurations between the public and the private sectors.