Thèse de doctorat en Sciences economiques politiques
Sous la direction de Thierry Pairault.
Soutenue en 2016
à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales .
Le président du jury était Jean-Christophe Defraigne.
Le jury était composé de Thierry Pairault, Jean-Christophe Defraigne, Marc Fontrier, Jean-Jacques Gabas, Michel Korinman, Sébastien Lechevalier.
L'objet de la thèse est d'envisager les relations économiques et politiques entre la Chine et l'Afrique subsaharienne dans la mesure où elles comportent des enjeux sécuritaires. L'angle choisi lie trois perspectives, en partant d'une approche classique mesurant l'importance réelle et décrivant les mécanismes des relations économiques sino-africaines, pour aborder ensuite plus en détail les modalités de l'exploitation des ressources naturelles africaines par les entreprises chinoises à capitaux publics, et analysant pour finir le rôle joué par celles de ces entreprises appartenant au complexe militaro-industriel chinois au sens large. Ce mémoire étudie la manière dont se déploie la pensée stratégique chinoise autour de la compétition entre Pékin et les puissances occidentales pour l'exploitation et le contrôle des ressources naturelles africaines. Dans ce cadre, les risques auxquels sont confrontées les entreprises chinoises sont représentés aussi bien par l'instabilité politique de certains des pays où elles opèrent, que par les interventions de puissances extérieures dans ces conflits pour protéger des intérêts concurrents de ceux de Pékin. Ces conflits sont en effet susceptibles de rompre les approvisionnements chinois, d'empêcher les entreprises chinoises d'opérer, voire de renverser ou d'affaiblir des alliés politiques de Pékin. Pour se parer contre ces risques, la Chine intensifie son engagement militaire auprès du continent en vendant à ses partenaires commerciaux des moyens de défense sous forme d'armes et de formation militaire. Ces échanges font intervenir les industries chinoises de défense, qui sont également des conglomérats opérant dans l'exploitation des ressources naturelles. Ces entreprises se trouvent donc au coeur de cette compétition entre la Chine et les puissances occidentales, une partie de leurs activités (les transferts d'armes) étant censées contrebalancer les déstabilisations causées par l'autre partie (l'exploitation de ressources naturelles).
The purpose of this thesis is to consider the economic and political relations between China and sub-Saharan Africa to the extent that they involve security issues. The selected angle is used to link three perspectives, starting from a classical approach measuring the real importance and describing the mechanisms of China-Africa economic relations. Then follows a more detailed discussion about the terms of the exploitation of African natural resources by Chinese publicly owned companies. Finally ensues an analysis of the role played by those of these Chinese enterprises that work in the defense industry at large. This thesis examines how China deploys strategic thinking around the competition between Beijing and the Western powers for the operation and control of African natural resources. In this context, the risks faced by Chinese companies are represented as well by the political instability of some of the countries where they operate, and by the interventions of foreign powers in these conflicts to protect competing interests of those in Beijing. These conflicts are indeed likely to break Chinese supplies to prevent Chinese companies to operate and even to overthrow or weaken political allies of Beijing. To counter those risks, China is increasing its military commitment to the continent by selling its trading partners defenses in the form of weapons and military training. These exchanges involve the Chinese defense industries, which are also conglomerates operating in the exploitation of natural resources. These companies are therefore at the heart of this competition between China and the Western powers, as part of their activities (arms transfers) is expected to offset the destabilization caused by the other party (the exploitation of natural resources).