Thèse de doctorat en Sciences économiques
Sous la direction de Nicolas Jacquemet et de Jérôme Pouyet.
Soutenue en 2016
à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale d'Économie (Paris) .
Le président du jury était Daniel Martin.
Le jury était composé de Nicolas Jacquemet, Jérôme Pouyet, Daniel Martin, Mohammed Abdellaoui, Marc Willinger, David Martimort, Jérôme Pouyet.
Les rapporteurs étaient Mohammed Abdellaoui, Marc Willinger.
Trois essais sur les choix intertemporels : une approche en économie comportementale
Cette thèse utilise les méthodes de l'économie comportementale pour contribuer à l'étude des choix intertemporels. Premièrement, l'influence du biais pour le présent et la naïveté des consommateurs sur le pouvoir de marché d'entreprises est étudié. En donnant plus de pouvoir de marché aux entreprises, des consommateurs biaises par le présent mais sophistiqués, permettent à celles-ci d'augmenter leur profit. Sous certaines conditions, le biais pour le présent peut aussi augmenter le bien-être social. La naïveté des individus soit ne change pas le profit d'équilibre soit le diminue et conduit systématiquement à diminuer le bien-être social. Deuxièmement, cette thèse mesure, grâce à une expérience en laboratoire, la capacité des individus à anticiper leur biais associés aux choix intertemporels, le biais pour le présent ou le biais pour le futur. Les biais ainsi que leur anticipation sont mesurés à partir du choix d'allocations monétaires entre deux dates et de l'anticipation de ces choix. Le résultat principal qui émerge de cette étude est que les individus qui sont biaises par le présent ou par le futur ont tendance à sous-estimer leur biais. Finalement, cette thèse apporte une explication théorique au lien entre l'aversion au risque et la décision de dépistage. Si l'information n'est qu'instrumentale, l'aversion au risque augmente la probabilité de dépistage. Cependant, en considérant également la valeur émotionnelle de l'information, si l'individu est fortement averse à l'information, s'ils valorisent relativement plus une réaction émotionnelle négative qu'une positive, plus il est averse au risque et moins il est probable qu'il choisisse le dépistage.
This thesis uses methods from behavioral economics to contribute to the analyses of intertemporal choices. First, the influences of consumers' present bias and their naivete about this bias on the market power of firms competing imperfectly are studied. In this framework, present-biased but sophisticated consumers allow firms to increase their profit by giving them more market power. Under certain conditions the present bias can also increase social welfare. Individuals' naivete either does not change firms' profit or reduces it. Yet, it always causes inefficiencies so that social welfare is reduced. Second, this thesis, through a lab experiment, aims at measuring the ability of individuals to anticipate their present or future bias. These biases and the accuracy of their anticipation are elicited from the choices of monetary allocations between two dates and the anticipation of those choices. The main result from this study is that individuals who are present- or future-biased tend to underestimate their bias. Finally, this thesis provides a theoretical explanation for the link between risk aversion and screening decision. The value of information can be instrumental but also emotional. Individuals may be risk averse on health status but also derive relatively less utility from a positive emotional reaction than disutility from a negative one, that is to say, be averse to information. If the information is only instrumental, risk aversion increases the likelihood to get tested. However, considering also the emotional value of the information, if the individual is strongly averse to information, the more risk averse she is and the less likely she chooses to get tested.