Thèse soutenue

Etude des effets de la solidification sur les intrusions de type sill : application à la croissance plutonique

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Auteur / Autrice : Lola Chanceaux
Direction : Thierry Menand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Volcanologie
Date : Soutenance le 14/10/2016
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences fondamentales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Magmas et Volcans - (LMV) Laboratoire Magmas et volcans
Jury : Président / Présidente : Tim H. Druitt
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Menand, Olivier Roche, Virginie Pinel, Catherine Annen
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Galland, Luca Caricchi

Résumé

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Il est maintenant avéré que la plupart des grands corps magmatiques sont construits par amalgamation d’intrusions plus petites. Ces incréments sont pour la plupart des sills, qui sont considérés comme les briques élémentaires des corps magmatiques plus grands. Malgré de nombreuses études, certains aspects de la mise en place des plutons sont encore mal compris : aucun modèle ne contraint leur taille et on ne sait toujours pas comment l’encaissant se déforme lors de leur mise en place incrémentale. La taille des réservoirs magmatiques, construits par injections répétées de magma, dépend de la taille des sills qui le constituent, et notamment de l’extension latérale de ces sills. Cette extension latérale pourrait être contrôlée par la solidification du magma lors de la mise en place du sill. Des expériences analogiques de laboratoire ont donc été réalisées afin de quantifier les effets de la solidification sur 1) la formation des sills et 2) la dynamique de propagation, la géométrie et la taille des sills. De l’huile végétale chaude, analogue du magma se solidifiant lors de sa propagation, est injectée dans un solide de gélatine plus froid, analogue des roches encaissantes. Le premier set d’expérience montre qu’avec l’augmentation des effets de la solidification, différents types d’intrusions sont observés (dykes traversant l’interface, sills et dykes stoppés à l’interface). Contrairement à des expériences où le refroidissement ne peut pas affecter la formation des sills, la présence d’une interface a priori mécaniquement favorable n’est donc pas suffisante pour former un sill ; les effets de la solidification restreignent la formation des sills. Le second set d’expérience montre deux comportements extrêmes pour la dynamique de propagation et la géométrie des sills. Quand les effets de la solidification sont faibles, la propagation du sill est continue et leur surface est lisse et régulière. A l’inverse, quand les effets sont forts, la propagation est discontinue et la géométrie des sills est complexe (e.g. lobes et surfaces cordées). De plus, des effets de la solidification plus importants entraînent des surfaces de sills plus faibles : en restreignant l’extension latérale des sills, le refroidissement du magma et la solidification sont susceptibles d’impacter directement la taille des plutons construits par amalgamation de sills. Les grandes déformations induites par la mise en place incrémentale des plutons sont encore mal comprises. Les modèles actuels négligent généralement les rhéologies cassantes et plastiques observées sur le terrain. Dans un premier temps, une mission de terrain dans les Henry Mountains (Utah, USA) a été réalisée afin de mieux comprendre les déformations entourant trois intrusions de tailles différentes : le Maiden Creek Sill, le Trachyte Mesa Laccolith et le Black Mesa Bysmalith. L’intensité de la déformation, la réduction de porosité et l’augmentation de microstructures liées à une forte déformation sont positivement corrélées. L’intensité de ces paramètres augmente à l’approche du contact encaissant / intrusion, et est plus marquée pour les contacts latéraux que pour les contacts supérieurs et inférieurs. Plus la taille de l’intrusion est importante, plus l’encaissant situé sur les côtés est déformé sur une grande distance. En revanche, la déformation observée au sommet du bysmalite est peu étendue, ce qui est dû à la présence d’une faille ayant permis une translation de l’encaissant plutôt que sa déformation importante. Dans un deuxième temps, des expériences analogiques de laboratoire multi-injections ont été effectuées pour essayer de mieux caractériser ces déformations. Ces expériences permettent d’observer la création d’un corps principal constitué de plusieurs sills empilés les uns sur les autres, par sur ou sous-accrétion. L’extension latérale de ce corps principal est fortement contrainte par la taille du premier sill mis en place. (...)