Thèse soutenue

Déploiement de la stratégie des groupes chinois dans les pays émergents et en développement : analyse contextuelle et culturelle. Comment les fleurons chinois s'emparent de territoires et préemptent le long terme
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Auteur / Autrice : Dominique Mazé
Direction : Christian Cadiou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de gestion
Date : Soutenance le 05/12/2016
Etablissement(s) : Brest
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme, des organisations et de la société (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Information Coordination Incitations
Jury : Président / Présidente : Ababacar Mbengue
Examinateurs / Examinatrices : Christian Cadiou, Ababacar Mbengue, Marc Bidan, Claude Chailan, Kristen Cadiou
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Bidan, Claude Chailan

Résumé

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La montée en puissance des groupes industriels et des conglomérats basés en Asie, en Amérique latine, en Europe centrale et orientale, au Moyen-Orient ou bien en Afrique, bouscule les agendas de nombreux fleurons mondiaux et ouvre de nouvelles brèches pour la communauté académique. Elle pose la question de la pérennité de la multinationale d´inspiration anglo-saxonne, longtemps présentée comme la quintessence du capitalisme. Il faut désormais compter avec la Périphérie, ce monde composé de pays émergents et de pays en développement. La Périphérie d´hier et d´aujourd´hui sera le Centre de demain et d´après-demain. Les groupes étatiques et privés chinois rebattent les cartes à l´intérieur et à l´extérieur de celui-ci pour faire la course en tête dans l´économie mondialisée des 50-100 prochaines années. Les études empiriques consacrées aux entreprises originaires des pays émergents (EMNE) fleurissent. A ce jour, aucune nouvelle théorie n´a émergé des débats contradictoires, donnant ainsi crédit au courant évolutionniste. Selon Dunning, Kim et Park (2008), l´internationalisation des EMNE serait la version contemporaine de l´expansion des multinationales des pays développés à la fin des années 1970. Leurs stratégies et leurs modes opératoires ressembleraient à du “vieux vin dans de nouvelles bouteilles”. Le contenu serait quasiment le même. Seul le contenant aurait vraiment changé. Notre recherche vise à décrypter les dynamiques stratégiques, transactionnelles et opérationnelles des groupes chinois dans le monde émergent et en développement. Nous cherchons à comprendre comment le fleurons de l´Empire du Milieu s´emparent de territoires a priori imprenables et préemptent le long terme dans les pays de la Périphérie. Notre étude révèle qu´ils jouissent de leviers et d´atouts spécifiques leur permettant de se battre (war-fighting capabilities) et de conquérir des positions de leaders mondiaux (war-winning capabilities). A rebours du courant évolutionniste, nous mettons en évidence l´originalité des dynamiques chinoises. Les stratégies de conquête des groupes chinois sont travaillées par les questions existentielles (les masses critiques chinoises) et la culture multimillénaire (l´art des combinatoires, la dynamique des flux, l´entresoi) de la Chine. Nous montrons que la préemption institutionnelle habilement orchestrée par l´Etat chinois auprès de la gouvernance défaillante ou mitée des pays hôtes constitue le mode d´entrée privilégié des dragons dans les pays émergents et en développement. Les fleurons chinois investissent massivement dans les vides et déploient des stratégies liquides, que nous appelons “stratégies de l´eau”. Face à elles, les stratégies de la pierre des groupes occidentaux et non occidentaux apparaissent vulnérables. L´eau est supérieure à la pierre. Nos travaux réhabilitent le rôle de la culture dans le champ de la stratégie, et identifient un nouveau paradigme, dénommé IFLC (Institutionalize-Fill-Leverage-Combine), qui pourrait ouvrir la voie à de nouveaux agendas dans le domaine du management stratégique