Thèse soutenue

Réjouissances monarchiques et joie publique à Paris au XVIIIe siècle : approbation et interrogation du pouvoir politique par l'émotion (1715-1789)
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Auteur / Autrice : Pauline Valade
Direction : Michel Figeac
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
Date : Soutenance le 03/12/2016
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études des mondes moderne et contemporain (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Géraud Poumarède
Examinateurs / Examinatrices : Michel Figeac, Laurent Turcot, Pierre-Yves Beaurepaire, Vincent Milliot, François-Joseph Ruggiu, Danièle Tosato-Rigo
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Turcot, Pierre-Yves Beaurepaire

Résumé

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Dans la société d’Ancien Régime, les réjouissances monarchiques et les manifestations de joie publique avaient une fonction essentielle pour le pouvoir politique. Leur organisation, ainsi que leur déroulement, démontraient une attention soutenue aux manières d’émerveiller, d’amuser et de susciter des démonstrations de joie parmi la population parisienne. Privée de toute parole politique, celle-ci était néanmoins convoquée pour acclamer et approuver le pouvoir royal et le gouvernement. Toutefois, les réjouissances étaient avant tout un espace de dialogue entre les élites et la population de la capitale parce que cette dernière se réservait le droit de témoigner ou non sa joie, dans le but de critiquer ou d’interroger les vertus du pouvoir politique. Par l’étude des décisions, des modalités de l’organisation et de l’encadrement des réjouissances, il s’agit de comprendre dans quelle mesure le pouvoir monarchique avait besoin des réjouissances pour manifester sa puissance et ses vertus dans un espace public normalisé et contrôlé. Il apparaît alors que se réjouir était un devoir des sujets. L’analyse des moyens mis en œuvre pour réjouir la population permet de rendre compte des perceptions élitaires de la population, strictement réduite à ses capacités sensorielles. L’étude des feux d’artifice, des jets d’argent ou des gestes de charité du pouvoir royal révèle néanmoins un intérêt certain pour s’assurer des acclamations bien calculées. La dernière partie s’interroge sur les manières dont la population répondait aux sollicitations du pouvoir. L’analyse des expériences de la joie publique, des princes aux plus humbles Parisiens, permet de comprendre que l’obéissance n’excluait jamais une appropriation personnelle des événements. Les manifestations officielles de la joie étaient autant des objets de négociations que de détournement, à des fins contestataires ou plus transgressives, surtout dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Ainsi, la culture de l’approbation, inculquée tout au long du siècle, servit paradoxalement une culture de la contestation puisque le devoir de se réjouir était devenu un droit à se réjouir.