Thèse soutenue

De l'unicité à la personnalité : recherches sur la contribution stoïcienne au concept d'individu

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Auteur / Autrice : Marion Bourbon
Direction : Emmanuel BermonCarlos Lévy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 13/12/2016
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sciences, Philosophie, Humanités (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Thomas Bénatouïl
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuel Bermon, Carlos Lévy, Frédérique Ildefonse, Jean-Baptiste Gourinat, Anne Merker
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédérique Ildefonse, Jean-Baptiste Gourinat

Résumé

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Dans l’histoire de la construction philosophique de l’individualité, le système stoïcien, le plus unitaire et déterministe qui soit, semblait en principe être le moins susceptible d’engendrer une conception forte de l’individu. Celle-ci suppose en effet une séparation qui, dans le cas de l’individualité humaine, s’incarne dans une « volonté » propre. Or pour les Stoïciens, chaque être concourant inexorablement comme partie du tout à l’unité organique du monde, il paraissait difficile de l'en dégager, même en tenant compte de l’autonomie proclamée de l’assentiment, principe de jugement et d’action. Notre recherche espère montrer que c’est pourtant la philosophie stoïcienne qui construit une combinatoire conceptuelle inédite qui n’avait jamais été jusque-là à ce point unifiée et qui en vertu de la nature systématique de cette pensée conduit de l’unicité qu’elle reconnaît à tout être, ancrée dans un corps, à la personnalité qui réalise cette unicité au niveau de l’éthique, du fait d’une capacité subjective qui n’est plus non seulement quelque chose de l’individu mais ce à quoi il s’identifie, son principe d’identité personnelle. Nous nous attachons à mettre en évidence les conditions qui ont rendu possible ce « surgissement » de l’individu à la faveur d’une série de mutations internes au système stoïcien mais aussi d’une mutation politique et culturelle majeure, celle que constitua l’Empire romain. A travers ces mutations, la physique stoïcienne de l’identité, sous-bassement de la conception stoïcienne de l’individu, produit diachroniquement et synchroniquement, dans le champ de la psychologie et de l’éthique, une véritable conception de la subjectivation avec la notion sénéquienne de voluntas et le concept épictétéen de prohairesis qui en viennent à occuper la centralité dévolue au destin dans le premier stoïcisme. Par-delà la singularité des apports sénéquien et épictétéen, la voluntas et la prohairesis font de la faculté de choix le principe d’identité personnelle : l’identité personnelle est décrite comme celle du sens que nous décidons de donner à notre existence qui définit celle ou celui que nous sommes en propre et qui autorise et façonne la plasticité d’un usage de soi qui réside exclusivement en nous. Les usages stoïciens de la métaphore théâtrale permettent enfin d’éclairer cette conception de la subjectivité sous un jour irréductible : ils déploient chacun à leur manière la dialectique de la distance et de l’engagement au cœur du rapport à l’existence, et, avec eux, la non- coïncidence constitutive du rapport à soi qui situe l’identité dans l’entre-deux d’un rapport d’identification toujours à rejouer.