Thèse soutenue

Transferts et appropriations de modèles de développement dans les pays du Sud : pour une analyse du (dys)fonctionnelment de l'aide : l'exemple de la décentralisation en Haïti et à Madagascar

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Auteur / Autrice : Angeline Chartier
Direction : Isabelle Sacareau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie humaine
Date : Soutenance le 12/01/2016
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Aménagement, développement, environnement, santé et sociétés (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Denis Retaillé
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Sacareau, Moïse Tsayem-Demaze, Anne-Laure Amilhat-Szary, Dominique Darbon, Isabelle Droy, Véronique André
Rapporteurs / Rapporteuses : Moïse Tsayem-Demaze, Anne-Laure Amilhat-Szary

Résumé

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Au départ modèle politique occidental, la décentralisation est érigée, dans les années 1990, en modèle de développement puis, à partir de 2000, en outil de la lutte contre la pauvreté. Le modèle est, depuis, financé et transféré dans les pays en développement, censé être levier d’une bonne gouvernance et d’une paix sociale. Cependant, malgré 25 ans d’efforts pour l’instauration du modèle, à Madagascar et Haïti, la décentralisation n’est toujours pas effective. Plus globalement, les deux pays se caractérisent par une instabilité chronique, un faux-semblant de démocratie, une aggravation de la pauvreté et un maintien ou creusement des inégalités. Comment expliquer ce paradoxe? Si le modèle de décentralisation continue d’être transféré et reçu, malgré les objectifs manqués, c’est qu’il sert des intérêts officieux d’acteurs du Sud… et du Nord. De plus, nous considérons que c’est le transfert du modèle lui-même qui est source de dysfonctionnement. En donnant l’opportunité à de nouveaux acteurs d’accéder au pouvoir, il multiplie les sources de conflits et stimule des jeux et enjeux de pouvoir locaux. Nous proposons de décrire les profils des acteurs du Sud, visibles et invisibles, qui s’approprient le modèle et de décoder leurs stratégies de captation de pouvoir. Qui sont-ils? Comment arrivent-ils à entretenir le système tout en le freinant? Comment instrumentalisent-ils le modèle pour en tirer parti? Quels sont leurs objectifs? Quelles sont leurs stratégies d’alliance, et qui est en conflit avec qui? Plus largement, il s’agira de comprendre comment ces jeux s’articulent avec ceux des acteurs du Nord pour conduire au maintien du transfert d’un modèle dysfonctionnel, à l’entretien de l’hégémonie de certains, et à (re)créer des tensions menant aux crises. Le système tourne sans cesse, l’échec justifiant l’intervention de l’aide et l’apport d’un nouveau modèle. Un cercle vicieux. Quelque chose fonctionne malgré tout, mais aux dépens des populations ciblées. Ce paradoxe constitue une opportunité de remettre en question l’approche de l’aide au développement par transfert de modèle uniformisé.