Thèse soutenue

La question de la modernité dans l'art bèlè martiniquais

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Auteur / Autrice : Simone Vaity
Direction : Apollinaire Anakesa Kululuka
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts plastiques musicologie
Date : Soutenance le 16/12/2016
Etablissement(s) : Antilles
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieu insulaire tropical : dynamiques de développement, sociétés, patrimoine et culture dans l'espace Caraïbes-Amériques (Pointe-à-Pitre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires en lettres, langues, arts et sciences humaines (Schoelcher, Martinique)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marie Pradier, Monique Desroches, François Picard, Patricia Donatien-Yssa
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Marie Pradier, Monique Desroches

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette recherche questionne les dimensions artistiques du Bèlè et son inscription dans la modernité. Cette inscription s’origine dès l’expansion coloniale avec les renouvellements de la pensée et des idéaux dans le monde européen. La modernité du Bèlè s’opère en résonnance aux bouleversements permanents de la période esclavagiste, à l’élan des découvertes et des progrès technologiques, scientifiques et philosophiques qui ont suivi au fil du temps. Ces progrès se formulent dans les paradoxes de conceptions des rapports à l’humain entre idéal des lumières et libéralisme des modernes, dans les modalités d’exploitation économique particulièrement. Ainsi aux expansions économique et géopolitique s’associeront des idéaux humanistes, ceux de piété religieuse chrétienne contrastant avec la servilité et à la déshumanisation. C’est dans ce contexte que la domination européenne sur le monde va s’exercer, en Amérique, à partir de l’extermination des Amérindiens et de la traite, l’esclavage des Africains. Toutes ces raisons sous-tendent la réaction des déportés et descendants africains à la Martinique. Cette réaction va s’inscrire dans une construction et une quête permanente de (re)humanisation et de progrès, dans les rapports humains symbolisés et matérialisés par la musique et la danse des Calenda de l’ère esclavagiste (à partir de 1635), et s’étaleront jusqu’à l’ère contemporaine du Bèlè Renouveau, initié à l’orée de 1980. Cette réalité s’inscrit dans une consubstantialité entre musique et modernité où les principes structurants Chantè, Répondè, Bwatè, Tanbou, Lawonn, Kadans se formalisent, avec une marge d’analogie tranchant entre figuralisme et abstraction, à travers des médias de formalisation. Cet écart d’analogie entre principe et formalisation implique le Wèlto, le faux semblant, qui induit la dualité muée par la feinte, la ruse et le détour. Cela se réalise dans des modalités formelles, en permanente élaboration, entre l’immuabilité de surface et renouvellements du matériau musicochorégraphique, mais aussi de l’instrumentarium.La présente étude démontre que le Bèlè peut s’entendre comme art, avec les déclinaisons nécessaires pouvant s’inscrire dans le classicisme, autant que comme tradition sous-tendant et nourrissant la modernité. Afin de répondre aux enjeux de pouvoir, tenir compte des rapports de force dans les antagonismes ou modalités d’intégration sociales, entre l’Europe et la Martinique, le Bèlè contemporain privilégie sa définition en tant que tradition en masquant, au point de l’occulter, sa véritable acception en tant qu’Art. Cette occultation de la dimension artistique du Bèlè marginalise par conséquent la modernité de l’art bèlè