Thèse soutenue

La poétique du voile de Fra Angelico à Nicolas Poussin
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Auteur / Autrice : Thierry Le Gall
Direction : Olivier Bonfait
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 14/12/2016
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Temps, espaces, langages, Europe méridionale-Méditerranée (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône)
Jury : Président / Présidente : Stéphane Lojkine
Examinateurs / Examinatrices : Giovanni Careri, Frédéric Cousinié
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuelle Hénin, Guillaume Cassegrain

Résumé

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Les voiles du Sacrifice d’Iphigénie de Timanthe et du Rideau de Parrhasios problématisent le regard antique et font naître un au-delà qui stratifie la représentation. Le silence qu’ils introduisent dans l’image génère une activité « phantastique » fondatrice d’une poéticité visuelle. La Pala di San Marco adapte à un espace pictural unifié la structure du Tabernacle des Linaioli déjà empruntée au Tabernacle mosaïque. Séparant des espaces de sacralité croissante qui font écho à la lecture exégétique en vigueur au Couvent, les voiles y épaississent l’espace et le sens de l’œuvre, exigeant à chaque étape une transformation du regard. L’exégèse identifiant Marie à l’Arca Dei, le XVe siècle développe autour d’elle diverses formules tabernaculaires susceptibles d’annexer l’espace profane du spectateur. Au fond des Annonciations du Quattrocento le voile révélait le thalamus virginis, ventre métonymique de la Vierge. Cette symbolique s’effrite quand la scénographie se charge de l’évocation du Mystère. Le voile prend des accents métapicturaux ou révèle le vulgaire, la vanité, l’intime, la chair. Il les sacralise alors comme il avait sacralisé l’Arca Dei ou la figure de l’empereur. Aléatoire, il ouvre les œuvres à de surprenantes transgressions, comme l’érotisation des Virgo lactans. Les métaphores visuelles se multipliant pour évoquer ce qui pose problème à la représentation, le voile finit par prendre en charge l’image de ce qu’il cache. L’émergence du caché s’assume comme projet de l’œuvre. Contournant le précepte albertien, ce commerce avec l’invisible relie le motif à l’antique approche, ravivée par La Pléiade, d’une poésie qui n’a d’autre raison que d’en-visager l’ineffable.