Thèse de doctorat en [Langue et cultures des sociétés anglophones]
Sous la direction de Theodora Tsimpouki et de François Brunet.
Soutenue en 2015
à Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec l'Université nationale d'Athènes , dans le cadre de École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....) , en partenariat avec Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) (autre partenaire) .
Prenant appui sur l'intérêt contemporain pour les rencontres texte/image et la prolifération récente des oeuvres bi-médiales, cette thèse se propose d'étudier les structures et les qualités du photo-roman, en vue de soutenir que cette forme nouvelle offre un espace privilégié à l'interrogation — et potentiellement à la représentation ¬des événements traumatiques collectifs. L'exploration d'une série de travaux photo-littéraires produits entre la fin du 20ème siècle et le début du 21ème et caractérisés par une thématique historiographique ainsi que la concomitance avec une catastrophe historique suggère que la combinaison de la fiction et de la photographie au sein d'un même dispositif photo-narratif est susceptible de fournir une alternative à la problématique bien connue de l'irreprésentabilité du trauma. Nous considérons que la photo-littérature emploie les rapports souvent notés entre la photographie et l'histoire, la biographie, le temps et la mort dans le cadre familier du roman, tout en faisant appel au lecteur comme un acteur indispensable du processus d'élaboration du sens textuel. Les mécanismes complexes du composé photo-textuel permettent de mettre en lumière le fait que les histoires de vie personnelles sont pertinentes à l'expérience collective, ainsi que les parallèles entre des événements historiques traumatiques divers. Ainsi, la photo-littérature permet un passage de l'histoire à un genre de mémoire qui est essentiellement connectif ; par là même, cette forme nouvelle va à l'encontre d'une incapacité présumée à énoncer la mémoire traumatique, en suivant une approche fondée sur l'attention et l'investissement affectif.
Drawing on the increased interest in word-image interactions and the recent proliferation of bimedial works of literature, this study proposes an investigation of the structures and qualities of the photo-nove', with the contention that this emergent new form constitutes a privileged space where instances of collective trauma may be addressed, potentially even represented. The exploration of a series of works of photo-literature of the Tate 20th and early 215t century that are affiliated to historiography and unfold in the midst or aftermath of a great historic calamity suggests that the combination of fiction and photography within a single, photo-textual narrative may counter the problematic of unrepresentability raised by Trauma Studies. Photo-literature, as this study purports, employs photography's well-lçnown relations to history, biography, time and'cleath within the familiar schema of the nove', while invoking? the respondent reader as an essential component of the meaning¬making process. These elaborate workings of the photo-textual compound result in the highlighting of the individual life story's pertinence to the collective experience and the establishment of parallels between diverse historical instances of trauma. Thus, photo-literature enables the passage from history to an essentially connective type of memory and, subsequently, responds to a professed inability to enunciate the traumatic experience, by offering an approach that is reliant on affective investment and attention.