Thèse soutenue

Le nombre et l'innombrable dans le théâtre de Shakespeare
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Auteur / Autrice : Florence Kresine
Direction : François Laroque
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance le 04/12/2015
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Études anglophones, germanophones et européennes (2009-2019 ; Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone
Jury : Président / Présidente : Line Cottegnies
Examinateurs / Examinatrices : François Laroque, Line Cottegnies, Pierre Iselin, Dominique Goy-Blanquet

Résumé

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L'œuvre de Shakespeare - et plus particulièrement les histoires et les tragédies - dont les proportions sont si vastes mais qui est si humaine, semble confirmer la conception pythagoricienne que « tout est nombre ». l'histoire du nombre, en effet, qui comprend l'innombrable, s'absorbe dans l'oeuvre théâtrale de Shakespeare. Elle tend à faire du nombre, du multiple, du multiforme et de leur présence tantôt discrète, tantôt ostentatoire, une histoire. L'histoire synchrone du nombre et de l'innombrable et inversement, celle du nombre et de l'innombrable en tant qu'histoire dans l'oeuvre de Shakespeare sont deux faits coïncidents. Dans le théâtre de Shakespeare, le nombre pullule : nombre de vers, nombre de corrections, d'augmentations, nombre d'auteurs, succession des règnes, des rois et des reines, foule innombrable…... La profusion de mots, de procédés qui se rapportent au nombre est imposante. Vertige de la liste. Le nombre est innombrable. Le nombre crée un modèle mais il existe une tension entre ce modèle et les irrégularités qui en sont l'avatar. Le vers de Shakespeare révèle l'existence de forces qui travaillent à la reproduction d'un schéma tout en valorisant et en intégrant l'irrégularité. Les mouvements désordonnés d'une foule, de la multitude qui s'émeut, qui s'enthousiasme ou qui se soulève sont canalisés par le pouvoir. le versant sombre de cette étude concerne l'appareil répressif et les relations qu'il entretient avec le spectacle. Il montre que le nombre et l'innombrable sont aussi le paradigme de l'inhumain. Hors du nombre, sans nombre, prémisses de l'innombrable, se situe l'oeuvre de Shakespeare, celle de « l'homme innombrable ». Les sciences ont pénétré l'univers de Shakespeare, qui subit, semble-t-il, l'influence des « mondes innombrables » de la cosmologie brunienne. L'innombrable est l'essence même du nombre, au confluent du démotique et de l'ésotérique. la conception d'une mystique du nombre, toutefois, ne peut être aisément raccordée à celle du génie populaire au caractère universel de Shakespeare. En raison de la coïncidence des contraires, de l'extraordinaire saisie du passé, du présent et de l'avenir, l'oeuvre se prête admirablement au jeu du dessaisissement, du désoeuvrement.