Thèse soutenue

La raison dialectique comme expérience critique : praxis, histoire et éthique dans la philosophie de Jean-Paul Sartre (1956-1965)

FR  |  
EN  |  
IT
Auteur / Autrice : Chiara Collamati
Direction : Jean-Christophe GoddardPierpaolo Cesaroni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 20/11/2015
Etablissement(s) : Toulouse 2 en cotutelle avec Università degli studi (Padoue, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe de recherche sur les rationalités philosophiques et les savoirs (Toulouse ; 1999-....)
Jury : Président / Présidente : Luca Basso
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Christophe Goddard, Pierpaolo Cesaroni, Franck Fischbach, Grégory Cormann
Rapporteurs / Rapporteuses : Franck Fischbach, Grégory Cormann

Résumé

FR  |  
EN  |  
IT

Ce travail de recherche a pour but de circonscrire, dans la pensée sartrienne des années 1960, le périmètre au sein duquel l’éthique se constitue comme possibilité de la pensée critique, c’est-à-dire comme assomption subjective de la politicité de celle-ci. Notre lecture considère les manuscrits sartriens des années 1960 sur l’éthique dialectique comme un complément fondamental de l’expérience critique conduite dans la Critique de la Raison dialectique (avril 1960). Dans cet ouvrage majeur, Sartre lie la possibilité de rendre une histoire intelligible à une refondation de la dialectique en tant que méthode d’analyse du concret historique. A partir d’une telle refondation, il devient possible de déterminer les bases épistémologiques d’une anthropologie historique et structurelle, aussi bien que les conditions de surgissement de l’agir en commun des hommes. Une fois fixés ces points, la recherche tourne autour de deux axes principaux. Le premier évalue, sur un plan à la fois méthodologique et épistémologique, l’effort sartrien visant à fournir une théorie de la connaissance au marxisme, considéré comme une expérimentation théorico-pratique encore à accomplir. A ce niveau, la méthode régressive-progressive de Sartre a été confrontée avec celle utilisée par Marx dans la critique de l’économie politique, afin d’en évaluer les points de proximité et de dépassement. Autour du deuxième axe, transversal au premier, on voit se profiler le noyau éminemment historico-politique : la compréhension dialectique des événements qui marquent subjectivement (et donc politiquement) le cours du temps historique, n’est pas séparable d’une interrogation sur l’historicité des sujets impliqués dans ce même mouvement. Pour cette raison, le statut de la subjectivité chez le Sartre des années 1960 a été interrogé à travers une analyse concernant le caractère normatif du social. Le focus sur la notion de normativité a permis, d’un côté, de comprendre l’intériorité réciproque entre la subjectivation et l’objectivation ; et, de l’autre, de fixer les bases pour une axiologie marxiste. Une telle approche permet de valoriser l’efficacité historique de la dimension éthique de la praxis, en l’assumant comme prisme à travers lequel Sartre analyse les problèmes posés par le stalinisme et les luttes de libération anticoloniale. Cela nous a conduit enfin à questionner la torsion imposée par Sartre à la notion de besoin qui devient, d’un point de vue matérialiste, la racine d’une éthique comme passage obligé pour toute politique.