Thèse soutenue

L’invention du désert : émergence d’un paysage, du début du XIXe siècle au premier atelier algérien de Gustave Guillaumet (1863-1869)

FR
Auteur / Autrice : Marie Gautheron
Direction : Ségolène Le Men
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 13/03/2015
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Université Paris Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Françoise Mélonio
Examinateurs / Examinatrices : Ségolène Le Men, Françoise Mélonio, Jacques Frémeaux, Barbara Wright, Todd B. Porterfield, François Pouillon
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Frémeaux, Barbara Wright

Résumé

FR  |  
EN

Le désert n’a pas toujours été un paysage, et ne devient une notion géographique qu’à la fin du XIXe siècle. De l’époque médiévale au XIXe siècle, le désert désigne aussi bien un état moral, la déréliction, ou une pratique spirituelle, que tout espace concret sauvage ou abandonné. Ce travail s’intéresse à l’œuvre de jeunesse du peintre Gustave Guillaumet (1840-1887), qui contribue de façon significative à l’invention du désert ; œuvre dédiée à l’Algérie et au Sahara, où il séjourne à plusieurs reprises. Examinés dans une perspective génétique, cinq tableaux majeurs créés entre 1863 et 1869 sont confrontés à l’itinéraire artistique de Guillaumet, et à ses écrits (1879-1887/ 1888, Tableaux algériens). Cette analyse est éclairée par l’étude de la représentation du désert dans le contexte socio-politique, scientifique, intellectuel et artistique du corpus, depuis les débuts de la conquête et de la colonisation de l’Algérie, jusqu’à la fin du Second Empire, à travers l’investigation de sources croisées (philologie, littérature, travaux scientifiques, archives militaires, presse – peinture, photographie, presse et ouvrages illustrés). Cette enquête s’appuie sur une étude des sources de l’imaginaire du désert, de l’émergence d’une conception paysagère à la fin du XVe siècle, et de l’esthétisation des pays arides et des sociétés qui y vivent, à la fin du XVIIIe siècle - à la cristallisation de ce nouveau paysage, au XIXe siècle. Cette recherche forme l’hypothèse est que l’invention du désert est un palimpseste – la naissance du désert-paysage s’accompagnant, à la fin des années 1860, d’une rémanence de la conception ante-paysagère du désert. À travers l’étude d’une œuvre dans laquelle l’éloge des pays et des cultures traditionnelles de l’Algérie est indissociable de l’expression de la déréliction des populations et des paysages, cette thèse tente d’éclairer les sources des représentations contemporaines du désert.