Les nourritures politiques de Jean-Jacques Rousseau : cuisine, goût et appétit
Auteur / Autrice : | Olivier Assouly |
Direction : | Chantal Jaquet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 03/06/2015 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre d'histoire des philosophies modernes de la Sorbonne (Paris ; 1983-....) |
Jury : | Président / Présidente : Céline Spector |
Examinateurs / Examinatrices : Chantal Jaquet, Jean-Luc Guichet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre-François Moreau, Jean-Louis Labussière |
Mots clés
Résumé
Au vu de l’histoire de la philosophie et du traitement marginal que celle-ci n’a cessé de réserver tant au sens du goût qu’à la cuisine, Rousseau occupe une place à part et novatrice : tout en condamnant l’hybris de la cuisine et les vanités de la grande table, il considère que le goût, source de volupté, constitue un objet digne d’être pris en compte tant par l’éducation qu’au plan politique. Outre que se nourrir, au-delà des simples besoins vitaux, constitue un moteur des échanges et un facteur potentiel d’inégalités et d’injustices, c’est aussi un moyen, en préservant un lien étroit avec l’amour de soi, de juguler les faux désirs et l’amour-propre.Toutefois, l’Émile amorce un tournant décisif : Rousseau intronise la notion d’appétit, qui prime alors sur le goût, et s’impose aux dépens de la sensibilité aux saveurs et à la cuisine. A défaut d’instinct et face à la prolifération de besoins secondaires, l’appétit est cet instrument – à la fois pédagogique et politique – utile à reconditionner la faim et ainsi à récréer, par le travail, la mesure nécessaire pour se nourrir et jouir légitimement. En même temps que Rousseau abolit l’idée d’une configuration naturelle des besoins et des désirs dès lors qu’il appartient à l’homme de les composer en fonction des circonstances, il achoppe sur le dessein politique du pacte social, lequel exige des citoyens, et non plus des hommes, de renoncer au jeu des préférences et certainement aux dispositions subjectivantes de l’appétit.