Thèse soutenue

Monstres et monstrueux dans l'œuvre d'Alexandre Vialatte

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Auteur / Autrice : Anne-Laure Milcent
Direction : Pierre JourdeMichel Viegnes
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres et arts spécialité littératures française et francophone
Date : Soutenance le 16/06/2015
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE) en cotutelle avec Université de Fribourg (Fribourg, Suisse)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Arts et pratiques du texte, de l’image, de l’écran et de la scène (Grenoble)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Bruno Curatolo, Claude Coste
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Schaffner

Mots clés

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Résumé

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L'œuvre d'Alexandre Vialatte manifeste une attirance et même une fascination pour les monstres et, en profondeur, pour le monstrueux : son univers romanesque est marqué par la présence de monstres qui est à la fois motivée par la perception tragique d'une monstruosité inhérente au quotidien et à l'homme et par un imaginaire hanté par la problématique de l'identité, de la culpabilité et de la création de soi comme fantasme de réinvention. Confronté aux folies meurtrières de l'Histoire, à sa propre folie, Vialatte fut subjectivement mêlé aux conflits du XXe siècle. Entre les années vingt et les années soixante-dix, il imagine comme romancier puis comme chroniqueur un univers qui porte les traces de la désintégration du réel, de la négation de l'être. Les monstres qui hantent la fiction sont le signe d'une époque profondément ébranlée, ils révèlent comment l'imaginaire de Vialatte est travaillé par un sens aigu de l'Histoire. Plus libre encore que le monstre de toute forme et de toute frontière, le monstrueux structure en profondeur l'œuvre. Ce jeu de distorsion du réel jusqu'à la transgression apparaît disséminé dans l'ensemble du récit. Cette fascination pour les monstres et le monstrueux trouve son origine dans une perception tragique et insupportable du réel : le regard singulier de Vialatte trahissant une angoisse métaphysique et ontologique. Son écriture, son humour indécidable frappent par son caractère dissonant et troublant. Cette écriture marquée par la déformation et la fragmentation donne à l'ensemble de l'œuvre un caractère subversif et explosif, révèle un espace de l'ordre de l'impensable. L'écrivain trouve ici un moyen de définir ses choix esthétiques, d'accepter ses désillusions sans pour autant cesser d'écrire. L'aveu inconscient de cette attirance intime, personnelle pour le monstrueux révèle combien l'acte d'écrire lui-même se reconnaît habité par le monstrueux, combien il permet de transcender le réel, de le sublimer par le pouvoir de l'écriture.