Thèse soutenue

La sécularisation du chiisme et la République islamique d’Iran

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Auteur / Autrice : Amélie-Myriam Chelly
Direction : Farhad Khosrokhavar
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2015
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Mohammad Ali Amir-Moezzi, Marie Ladier-Fouladi, Constance Arminjon Hachem, Seyed Mohsen Mottaghi

Résumé

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La sécularisation est un processus aboutissant à un nouvel état de fait qui se caractérise grossièrement par une autonomisation de la sphère publique par rapport au religieux, et à un recul du religieux. Ainsi les sciences humaines occidentales définissent-elles le terme de sécularisation : un processus coextensif à la modernité occidentale et qui est l'expression d'un monde qui se désenchante. Cependant l'expérience théocratique iranienne initiée en 1979 force l'exigence d'une autre définition du terme de sécularisation, ou plutôt d'un élargissement de son acception permettant d'appréhender l'idée littérale d'application en ce bas monde de ce que la religion promet en un au-delà du monde. La sécularisation du chiisme dessine un détournement politique de la religion traditionnelle dans des cadres idéologiques globalisants. Elle immanentise les grandes notions coextensives à la tradition religieuse comme la figure du martyr ou l'idée d'umma, et systématise une confusion des sphères publique et privée, confusion propre aux idéologies socio-politiques modernes. Cette sécularisation littérale tissée par l'ambition théocratique fait désormais l'objet de remises en question aux fondements d'un effort nouveau et inédit : celui de la considération d'un autre type de sécularisation, celui qui vise à circonscrire un système distinguant sphère politique et sphère religieuse. L'élan séculariste post-khomeyniste entend redéfinir des cadres socio-politiques autour des concepts de droits, de dignité, de pluralisme et de société civile. Le détournement politique du chiisme traditionnel aura ainsi engendré le positionnement d'une nouvelle catégorie d'intellectuels concentrant sa réflexion autour de la place à accorder à l'islam, tant pour le salut du religieux, que pour celui du politique.