Thèse soutenue

Le savoir historique à l'épreuve des représentations sociales : l'exemple de la préhistoire et de Cro-Magnon chez les élèves de cycle 3.
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Auteur / Autrice : Philippe de Carlos
Direction : Béatrice Mabilon-Bonfils
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation - Cergy
Date : Soutenance le 03/11/2015
Etablissement(s) : Cergy-Pontoise
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit et Science politique (Cergy, Val d'Oise))
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Ecole, mutations, apprentissages (2010-)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Beatrice Mabilon bonfils, Didier Cariou
Rapporteurs / Rapporteuses : Thémis Apostolidis, Sylvain Doussot

Résumé

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Notre travail porte sur les représentations des élèves de CE2, CM1 et CM2 sur la préhistoire et Cro-Magnon en articulant des éclairages propres à la didactique de l’histoire (modèle intermédiaire d’appropriation de l’histoire) et à la psychologie sociale (théorie des représentations sociales). Nous sommes partis du postulat que les savoirs de l’histoire scolaire étaient simplifiés à l’extrême, emplis de sens commun et parfois en contradiction avec les avancées récentes de la recherche. Nous avons émis l’hypothèse que la représentation des élèves sur la préhistoire était particulièrement unifiée, sous l’influence des représentations sociales historiques et socioculturelles, malgré l’intervention de l’enseignement. Après avoir présenté le cadre théorique, nous avons réalisé une étude épistémologique historique sur la préhistoire et Cro-Magnon avec une analyse des représentations historiques à partir d’une étude bibliographique, une synthèse des analyses récentes sur les représentations de la préhistoire et une synthèse des données scientifiques actuelles sur la préhistoire. Les analyses issues de l’objet d’étude ont permis d’identifier les principaux obstacles épistémologiques et les représentations sous-jacentes. Nous avons ensuite procédé à l’analyse de données empiriques que nous avons recueillies sous plusieurs formes : des questionnaires d’évocations hiérarchisées et des questionnaires de caractérisation. Une étude plus standard à l’aide d’un questionnaire classique a complété le dispositif : ce questionnaire, distribué avant, pendant et après le cours de préhistoire pour le niveau CE2, a permis à travers une étude diachronique de mesurer l’influence de l’enseignement sur les représentations des élèves. Les résultats ont été confrontés à ceux de l’objet d’étude et ont rendu possible l’identification de représentations ainsi que les principes organisateurs de prise de position c’est-à-dire leur ancrage socioculturel. Nous avons montré que le sens attribué à l’objet de représentation sociale de la Préhistoire est le résultat d’une convergence de différents facteurs dont finalement l’enseignement n’est qu’un élément périphérique voire marginal. L’influence majeure provient des déterminants historiques et socioculturels. Le savoir scolaire de sens commun élaboré à l’issue de l’intervention de l’enseignant était proche à bien des égards du savoir prescrit parce que ce dernier est aussi, en grande partie, un savoir socioreprésenté. La distance entre savoir appris et savoir prescrit d’une part et le savoir savant d’autre part est telle qu’il est possible de parler d’une rupture épistémologique. Du point de vue méthodologique, la triangulation a montré l’intérêt et la spécificité de chaque méthode : le questionnaire classique ne permet pas d’appréhender la structuration d’une représentation mais offre de nombreuses informations nécessaires à la compréhension des données produites par les outils plus spécifiques comme les questionnaires d’évocations et de caractérisation. C’est la diversité des approches qui a permis de circonscrire le savoir de sens commun scolaire sur la préhistoire. Ce savoir est particulièrement homogène car il est en grande partie socialement partagé et historiquement transmis. Il est aussi le résultat de la position que chaque élève occupe dans le champ social et culturel : cette position contribue selon les variables en jeu à sa structuration. Il s’agit d’un savoir socioreprésenté plutôt qu’un savoir socioconstruit car au final l’influence de la pensée sociale est prépondérante face à l’absence d’un apport constructiviste qui aurait pu « élever » et « stabiliser » la pensée de sens commun vers une pensée plus rationnelle dite « pensée historienne scolaire ». La discipline savante de référence de la préhistoire, l’archéologie, nous semble être la ressource idéale dans laquelle puiser pour la mise en œuvre d’une pédagogie socioconstructiviste qui favoriserait le développement d’un mode de pensée rationnel.