Thèse soutenue

Écologisation d’un « centaure » ? Analyse d’une appropriation différenciée des enjeux environnementaux par les usagers récréatifs de nature

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Auteur / Autrice : Sarah-Jane Krieger
Direction : Charles-Henry CuinNathalie Lewis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 18/12/2015
Etablissement(s) : Bordeaux en cotutelle avec Université du Québec à Rimouski
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Émile Durkheim - Science politique et sociologie comparatives (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Valérie Deldrève
Examinateurs / Examinatrices : Yann Fournis, Alain-Adrien Grenier, Vincent Andreu-Boussut
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Sirost, Marie Fall

Résumé

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La mise en protection de la nature s’accélère et s’étend, le Programme desNations Unies pour l’Environnement (PNUE) dénombre plus de 100 000 sites terrestres et marins protégés. Implantés sur des espaces naturels habités ou fréquentés, la protection motive des missions d’information et d’éducation auprès des résidents et autres usagers de ces sites. Elle conditionne aussi un certain consensus sur les politiques à mettre en oeuvre et le respect des règles édictées. Pensée ainsi, la protection tend à occulter le travail de redéfinition et d’adaptation qu’opèrent les usagers à partir de leurs propres connaissances, expériences et collectifs d’appartenance. Notre recherche va de l’autre côté du miroir et s’intéresse à ce travail invisible que nous étudions sur deux espaces naturels : l’un protégé, le Parc marin du Saguenay—Saint-Laurent, l’autre en projet lors de notre enquête, le Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis. En aval de la production des connaissances, des normes et des valeurs naturalistes qui président à l’identification des enjeux environnementaux, il s’agit de comprendre comment les usagers des espaces de nature, à travers leurs pratiques récréatives territorialisées, s’approprient ce qui est considéré comme des enjeux environnementaux. En prenant appui sur un cadre conceptuel qui mobilise la théorie de l’acteur en situation dans le champ de la sociologie de l’environnement, trois grandes hypothèses ont été formulées pour orienter notre questionnement. Ainsi, nous tentons de voir en quoi l’espace naturel, entendu à la fois comme écosystème et comme construction sociale, influence l’appropriation des enjeux environnementaux par les caractéristiques objectives dont il est porteur et les représentations sociales qu’il véhicule, mais également par les politiques de protection mises en oeuvre, ainsi que la proximité au territoire ressentie par ses usagers. Aussi, nous essayons de comprendre comment les usages récréatifs et leur culture associée influent sur cette appropriation à travers la pression du collectif, la légitimité de l’accès au territoire ou des techniques propres à la pratique. Enfin, nous nous intéressons à la « sensibilité écologique » et à « l’engagement vert » des usagers récréatifs pour saisir cette appropriation différenciée. Mobilisant une méthode comparative mixte, nous avons opté pour une démarche qualitative (entretiens et observations) qui permet d’analyser en finesse les différentes variables convoquées, que sont l’origine géographique, l’usage récréatif et ses modalités de pratique, ainsi que la sensibilité écologique et l’engagement vert, mais aussi les caractéristiques sociologiques classiques qui pourraient expliquer l’appropriation des enjeux environnementaux. L’enjeu est de discuter de l’écologisation des sociétés. Écologisation, qui derrière l’idéal d’ensauvagement, participerait plutôt de la domestication des usages de nature et par-là même concourrait à une nouvelle forme de domination sociale.