Thèse soutenue

Le comté de Bourgogne d'Eudes IV à Philippe de Rouvres (1330-1361) : une principauté en devenir
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Auteur / Autrice : Sylvie Le Strat-Lelong
Direction : Michelle Bubenicek
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 30/06/2015
Etablissement(s) : Besançon
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire des sciences historiques (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Bruno Lemesle
Examinateurs / Examinatrices : Michelle Bubenicek, Bruno Lemesle, Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni
Rapporteurs / Rapporteuses : Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni

Résumé

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Les ducs-comtes de Bourgogne ont hérité, en 1330, d’un domaine déjà bien constitué, dont les points forts épousent les axes de pénétration du relief, selon une diagonale sud-ouest/nord-est. Bien que partiellement et provisoirement démembré au gré de houleux partages successoraux, il n’a connu que des modifications de détail, ayant pour but de renforcer le maillage du territoire. Il s’appuie sur un réseau administratif ancien constitué de prévôtés, de châtellenies et, accessoirement, de mairies. Son caractère archaïque est compensé par la réorganisation, sous Eudes IV, du ressort des baillis, qui aboutit à une partition entre deux bailliages, d’Amont et d’Aval. Ce prince est également à l’origine de la création de la gruerie, et de la mise en place de structures comptables visant à optimiser le circuit de la production et de la commercialisation du sel.Les ducs-comtes ont utilisé pleinement les ressources de la féodalité pour renforcer et étendre leur réseau vassalique. Ils se heurtent aux intérêts des grandes familles - Faucogney, Montbéliard, Neuchâtel, Chalon-Arlay et Chalon-Auxerre - maîtresses des positions frontalières, dont la puissance leur permet de rivaliser avec le prince. Le principat d’Eudes IV est parcouru de fortes tensions avec la noblesse comtoise, victime de la politique d’affirmation de ce duc-comte. Elles s’expriment régulièrement par le recours aux armes de toute une partie de la haute aristocratie, qui trouve des appuis chez les princes voisins et surtout auprès du roi d’Angleterre. Un apaisement relatif survient avec l’avènement de Philippe de Rouvres : il suscite l’émergence de nouveaux équilibres en proposant aux grands féodaux de participer au gouvernement de la province. Eudes IV a quant à lui joué contre les barons la carte de la petite et moyenne noblesse, qu’il a intégrée aux rouages du pouvoir par le biais des offices et du service armé. Le nombre de ralliements obtenus prouve la réussite de cette politique d’association de la noblesse modeste aux retombées financières des domaines du prince, et notamment des revenus de l’industrie du sel, originalité de la province comtoise.En revanche, le bilan de l’affirmation du pouvoir princier, encore en pleine élaboration en Franche-Comté, est mitigé. Si la souveraineté du prince est clairement affirmée dans son principe, elle n’est pas toujours effective dans les faits, même si les ducs-comtes, et particulièrement Eudes IV, y ont porté tous leurs efforts, en tentant notamment de créer à leur profit l’ébauche d’un espace politique, judiciaire et économique étendu aux fiefs des grands. Ces entreprises se heurtent aux exigences d’un droit féodal toujours vivace, et souffrent de la conjoncture générale de la guerre de Cent ans, qui contraint le roi de France à ménager ses forces en donnant satisfaction aux féodaux contre leur prince. Néanmoins, les institutions se renforcent, particulièrement en ce qui concerne l’exercice de la justice. La guerre pousse à redéfinir les fonctions des officiers et à en créer de nouveaux. Et, fait majeur, le pouvoir législatif et normatif du prince est entré dans les mentalités. Le terrain est donc amplement préparé pour la construction de l’État bourguignon sous les ducs Valois.