Thèse soutenue

La pauvreté au Sénégal : une évaluation multidimensionnelle de la pauvreté et des disparités interrégionales entre 2001 et 2006

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Ibrahima Sy
Direction : Maurice Catin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 30/01/2014
Etablissement(s) : Toulon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés méditerranéennes et sciences humaines. ED 509 (Toulon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'économie appliquée au développement (Toulon ; 2006-) - LEAD
Jury : Président / Présidente : Jean-Claude Vérez
Examinateurs / Examinatrices : Maurice Catin, Jean-Noël Ferrié
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Bérenger, Bernard Haudeville

Résumé

FR  |  
EN

Ce travail analyse sous différentes approches la pauvreté au Sénégal en s’appuyant notamment sur les données fournies par les deux dernières enquêtes auprès des ménages (ESAM 2-2002 et ESPS-2006) réalisées par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie en partenariat avec la Banque mondiale.Dans l’analyse de la pauvreté monétaire, nous faisons apparaître des différences importantes en termes de seuils de pauvreté dans les régions avec aux extrêmes la région Dakar 923,55 F CFA (1,40 €) et Tambacounda 515,70 F CFA (0,78€), ce qui suggère le peu de pertinence quant à l’utilisation d’un seuil établi au seul niveau national. Sur la base de ces seuils, les indices de pauvreté issus de la formule générique de Foster, Greer et Thorbecke (FGT) dévoilent une baisse du taux de pauvreté entre 2002 et 2006 de 57,1% à 50,8%, soit de 6,9 point dans l’ensemble du pays et un écart à la ligne de pauvreté passant de 18% à 16,4%. Cette baisse est particulièrement observée dans les régions de Dakar, Diourbel, Kaolack, Saint-Louis et Thiès. Au niveau départemental, les taux de pauvreté montrent une concentration importante dans les zones rurales et l’existence de poches de pauvreté enclavées dans les zones urbaines. L’estimation d’un modèle économétrique spatial met en évidence les facteurs socioéconomiques susceptibles d’expliquer les différences interdépartementales de taux de pauvreté constatées en 2006, notamment le degré de développement économique des territoires (urbanisation, emploi) ainsi que les comportements des ménages liés au niveau d’infrastructures (d’éducation, de santé et de fécondité).Par ailleurs, nous proposons un modèle dichotomique à partir duquel il est possible de mettre en évidence les déterminants de la pauvreté monétaire des chefs de ménage. Les résultats montrent que les femmes chefs de ménage ne sont pas la couche la plus pauvre. De manière générale, les disparités de pauvreté manifestes entre milieux urbain et rural sont largement corrélées à des handicapes en matière de d’éducation et à l’inégal accès aux moyens d’information et de communication.Nous abordons une analyse multidimensionnelle de la pauvreté au Sénégal, à travers une estimation des degrés de privation de certains besoins essentiels des ménages. L’approche par la théorie des ensembles flous utilisée à cet effet suggère que la pauvreté a faiblement diminué : 1 % contre 7 % pour la pauvreté monétaire. Contrairement à l’approche monétaire, la baisse de la pauvreté non monétaire observée concerne d’autres régions comme Kolda et Ziguinchor et les régions de Diourbel et Kaolack connaissent une hausse. L’estimation des indices flous unidimensionnels a permis d’identifier les domaines dans lesquels les ménages affichent le degré de privation le plus important : la qualité du logement, le niveau d'instruction et les moyens d’information et de communication, au-delà du revenu.Les profils de pauvreté monétaire aussi bien que multidimensionnelle sont d’excellents outils pour cibler les groupes les plus nécessiteux de la population. En revanche, ces outils restent muets sur la perception de ces pauvres quant à leur propre situation socioéconomique. En ce sens, une analyse économétrique des facteurs déterminants de la pauvreté ressentie au Sénégal en 2006 fait apparaître l’importance de certaines dimensions non économiques (exclusion sociale, culturelle et manque de concertation des intéressés sur les politiques de développement et de lutte cotre la pauvreté).