Thèse soutenue

Les pouvoirs publics face à l’immigration algérienne en banlieue nord de Paris de la Libération aux années 1960
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Fathia Lounici
Direction : Loïc Vadelorge
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 13/02/2014
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Analyse Comparée des Pouvoirs (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Moret
Examinateurs / Examinatrices : Loïc Vadelorge, Marie-Claude Blanc-Chaléard, Jacques Girault
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Rygiel, Thibault Tellier

Résumé

FR  |  
EN

L’intérêt principal proposé par le courant migratoire algérien réside dans son évolution ; il passe ainsi d’une migration marginale, durant les premières années, à une migration de masse et structurée. De 1945 jusqu’aux années 1952-1953, le « second âge de l’immigration algérienne », selon la formule d’Abdelmalek Sayad, se caractérise par une migration masculine essentiellement. Notre propos n’est pas d’expliquer les causes conjoncturelles de cette migration, mais d’insister sur deux aspects : le caractère économique de ces départs massifs vers « l’Eldorado », que représente la France à cet instant, et sur le caractère temporaire de ces départs envisagé comme tel à la fois par les autorités politiques de l’époque,mais aussi par les migrants. Dés le début des années 1950, la présence de femmes algériennes et de leurs enfants sur le territoire métropolitain est attestée. Leurs venues contribuent à modifier la physionomie de cette migration et amorcent le passage d’une migration de travailleurs à une migration familiale, phénomène bien antérieur au regroupement familial de1974.De la Libération à l’indépendance algérienne, les pouvoirs publics mettent en place un vaste dispositif d’aide sans précédent et exclusivement adressé aux Algériens, dans le domaine social, du travail et de la santé. A la fin des années 1950, la création de deux organismes, le Fonds d’Action Social et la SO.NA.CO.TR.AL parachèvent en quelque sorte cette politique sociale. L’objectif officiel de ces infrastructures est de lutter contre « une discrimination de fait » dont sont victimes ces Français Musulmans d’Algérie. Ce groupe constitue une catégorie atypique de migrants dans la mesure où ils sont Français depuis 1947 et peuvent à ce titre circuler librement entre les deux rives de la Méditerranée. Leur statut et la singularité de ce traitement les distinguent des autres immigrations présentes à cette époque.Il s’agit d’étudier de quelles manières les politiques mises en place ont contribué à faire de ce groupe migratoire une communauté de l’intérieur. Le recours à l’immigration algérienne a été dicté par des considérations politiques. La France d’après-guerre se trouve face à un paradoxe : cette main-d’oeuvre d’outre-mer, inévitable, est non désirée, par les autorités publiques mais également par le patronat français. Les pouvoirs publics, mobilisés sur ces questions, ont une gestion coloniale de la présence algérienne en banlieue où sous couvert de mener des actions sanitaires et sociales, il s’agit en définitive de mieux circonscrire ce groupe.Le cadre géographique retenu est la Seine-banlieue, et plus particulièrement, l’intérêt se porte sur les communes qui ont dû faire face à ces flux migratoires telles que Saint-Denis,Aubervilliers, Bobigny, Saint-Ouen, La Courneuve, Montreuil... La banlieue parisienne, urbaine et industrielle, est un véritable pôle d’attraction pour ces migrants en quête d’un emploi. Paris et sa banlieue font figure de laboratoires où diverses expériences dans le domaine du logement, de l’aide médicale et sociale ont été menées et ont pu servir de modèles d’inspiration pour d’autres départements.