Thèse soutenue

Des textes intitulés Promenade à l'invention du promeneur et de l'observateur : le loisir lettré en ville dans les textes anglais et français des dix-septième et dix-huitième siècle
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Auteur / Autrice : Elise Revon-Rivière
Direction : Françoise Lavocat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 2014
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

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Le modèle de la promenade française à l'ceuvre au XVIIe siècle est une pratique d'otium, de loisir lettré au jardin : elle s'envisage comme alternative au cabinet studieux, relâche des occupations sérieuses, étude sans livre. L'objet de la promenade n'est pas la marche à pied, car comme l'écrit Daniel Vaillancourt, « le XVIIe siècle, classique, ne marche pas ». On ébauche ensuite une histoire du loisir lettré dans la rue et on s'attache à identifier ce que Michel de Certeau appelle « le fait urbain », c'est-à-dire les « pratiques d'espace », dans les textes anglais et français de Promenade des xviiè et XVIIIe siècles. Ainsi dès 1711, Addison et Steele présentent un. Rpectator qui met en oeuvre « une énonciation piétonnière » lors de trajets en ville, appelés rambles. Le mot désigne la réflexion et le parcours à pied dans Londres. En 1773, les Rambles d'Elizabeth Bonhote font de la ville l'espace d'enquêtes morales, de reveries, menées par un rambler. Ces « rhétoriques cheminatoires » morales et urbaines, prises en charge par un énonciateur individualisé, sont rapidement traduites en français au xviiiè siècle, transformant suffisamment l'imaginaire français pour provoquer l'écriture du Spectateur français de Marivaux et pour inspirer à Rousseau son promeneur solitaire. Dès lors, la réflexion morale dans la rue s'affirme à la faveur de la rénovation de la fonction de moraliste, qui passe par un imaginaire sentimental exercé par Sterne et E. Bonhote, et que Rousseau traduit par les promenades sensitives et moins uniment urbaines de son promeneur solitaire. Dans leurs parcours en ville, Restif de la Bretonne et Mercier ne reprennent pas la figure du promeneur, mais se saisissent d'une nouvelle figure épistémique inventée par Rousseau et l'Encyclopédie : l'observateur. Sa méthode consiste en une approche empirique du monde, un relevé quotidien des faits urbains, qui se substitue à la réflexion théorique du savant dans son cabinet. C'est, enfin, à partir de cette nouvelle « faculté de voir » de l'observateur que s'invente la figure du flâneur au XIXe siècle.