Thèse de doctorat en Recherches en Psychopathologie et Psychanalyse
Sous la direction de Monique David-Ménard et de Laurie Laufer.
Soutenue en 2014
à Paris 7 .
Si c'est à partir d'une précipitation du sens de l'oeuvre de Lacan que Deleuze/Guattari opèrent en partie dans l'Anti-oedipe avec Artaud (1972), c'est aussi à la suite de ce livre que Lacan, s'avançant vers une psychanalyse du réel, reprendra à nouveaux frais la question de la psychose avec Joyce (1975). Loin d'une prétendue coupure épistémologique, la folie permet de rendre compte de l'inconscient. La clinique de la folie (qu'elle soit celle de la psychothérapie institutionnelle ou celle de l'antipsychiatrie nourrie par la psychanalyse) permet d'approfondir l'investigation des mécanismes de l'inconscient dans son rapport à l'Autre. Subséquemment, à la lumière de cette clinique, la technique analytique, comme son rapport à la nosographie, ainsi que certains concepts métapsychologiques classiques, sont justiciables d'être réévalués et révisés. Mais se donner les moyens de cette réflexivité praxique et épistémologique c'est aussi bien dégager l'hypothèse matérialiste de l'inconscient comme espace de production et de reproduction, et non plus seulement comme scène de représentations intrapsychiques toujours déjà là que le clinicien « découvrirait ». L'inconscient appréhendé dans toute l'étendue du paradigme qu'il requiert et que la clinique convoque et met à jour, et ce sont également les conditions de possibilité de la technique analytique qui s'éclairent. Cette dernière peut ainsi retrouver la portée véritable de son action, au delà de la tentation du psychanalysme qui s'en servait pour mieux reconduire les formes de la domination sociale en les masquant dans l'ombre de ses constructions nosographiques solidaires de ses dispositifs psychiatro-psychanalytiques mis à jour par Foucault. Délesté de sa tutelle idéologique et de sa gangue idéaliste, l'acte analytique, loin de pouvoir s'abstraire, peut ainsi se penser et s'assumer pour opérer dans toute sa consistance toujours déjà clinique et politique ».
If Deleuze and Guattari partly proceeded with producing their Anti-Oedipus with Artaud (1972) from a recipitation of the essence of Lacan's work, it's aise in the wake of this book that Lacan, moving towards a psychoanalysis of the Real, reassessed the matter of psychosis with Joyce. Far from being an alleged epistemological caesura, insanity accounts for the unconscious. Clinical work with madness enables to further investigate the mechanisms of the unconscious in relationship to the other. Subsequently, in light of this clinical work, the psychoanalytic technique, its links with nosography, along with some classical metapsychological concepts, are bound to be re-evaluated and revised. But giving rise to this fresh praxis- based and epistemological thinking entails a materialist approach to the unconscious as a space of productior and reproduction and net merely a scene of intrapsychic representations always-already-there that the clinician would "discover". Considering the unconscious to its full extent as a paradigm that the clinical work demands and updates sheds a new light on the conditions of possibility of psychoanalytic technique. Psychoanalysis may thus recover the true reach of its impact, beyond the temptation of "psychoanalysis-as- an-ideology" that used it to extend the social forms of domination, hiding them in the shadow of its nosographic constructions supporting the psychoanalytic psychiatric operation Foucault revealed. Relieved of its ideological guidance and idealistic coating, the analytic act, far from remaining abstract, can be conceived and accepted as an operation of an ever and full clinical and political consistency.
Cette thèse a donné lieu à une publication
L'héritage politique de la psychanalyse : pour une clinique du réel