Thèse soutenue

Fortune, Providence et liberté : une lecture augustinienne du cycle arthurien en prose

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Auteur / Autrice : Servane Michel
Direction : Dominique Boutet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature médiévale
Date : Soutenance le 15/03/2014
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Etudes et édition de textes médiévaux (Paris ; 2008-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-René Valette
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Boutet, Jean-Marie Fritz, Anita Guerreau-Jalabert, Sylvie Lefèvre

Mots clés

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Résumé

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L'histoire arthurienne, dans le cycle en prose, s'étend de manière linéaire et eschatologique depuis les temps évangéliques jusqu'à la fin du royaume d'Arthur. En reliant ainsi les temps contemporains à ceux de l'Histoire sainte – notamment grâce au motif du Graal – le roman revendique une autorité prophétique qui peut être interprétée à la lumière de La Cité de Dieu : Augustin y mène une lecture exégétique tant des Écritures saintes que de l'histoire profane, cherchant à manifester le dessein salvifique de la Providence. Et c'est bien sur la question du salut que se clôt le cycle puisque, après la chute d'Arthur et la destruction de la chevalerie, le dernier mot du roman revient à la conversion : le salut final de Lancelot fait suite à celui de Gauvain. Le sort ultime des deux plus grands héros de la chevalerie invite à lire La Mort Artu comme une apocalypse non seulement au sens de châtiment – celui du monde arthurien, condamné dans La Queste comme trop terrien – mais aussi comme une révélation : l'héroïsme profane rejoint l'objet ultime du désir chrétien. La présence de Fortune peut être considérée en ce sens : le dernier roman du cycle lui confie le soin d'exprimer le scandale du malheur et en fait un autre relais, avec l'aventure ou la mescheance, du langage de la foi. C'est certes trahir l'héritage d'Augustin, qui bannissait de toute bouche chrétienne Fortune et ses avatars, pour incompatibilité avec la foi dans la Providence. Mais cette même foi est en réalité affirmée dans un langage proprement romanesque, qui assume ainsi le tragique de l'existence humaine – pour le transformer dans le sursaut ultime de la foi ou le laisser au seul horizon de la cité terrestre.