Thèse soutenue

L'émergence de l'idée moderne d'art dans Les Réflexions critiques sur la poésie et la peinture (1719) de l' Abbé Dubos (1670-1742)
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Auteur / Autrice : Bianca Muresan
Direction : Carole Talon-Hugon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie (métaphysique, épistémologie, esthétique)
Date : Soutenance le 16/06/2014
Etablissement(s) : Nice
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, sciences humaines et sociales (Nice ; 1992-2016)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Alain Chareyre-Méjean, Bernard Lafargue

Mots clés

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Résumé

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La thèse se propose de faire une incursion dans la pensée esthétique du fin XVIIe siècle-début XVIIIe, c’est-à-dire dans les débuts de cette nouvelle discipline en tant que science à part. Les contributions de Jean-Baptiste Dubos à la naissance de cette discipline sont massives, donc ce philosophe de l’art retient et mérite toute notre attention. D’abord, grâce à la Querelle des Anciens et des Modernes, son esprit s’enrichit et se forme, ses connaissances se multiplient de façon à lui permettre de réaliser une synthèse, dans son système d’esthétique, de la riche palette eidétique déployée jusqu’à lui. Ayant comme point de départ le cartésianisme, dont il se distingue entièrement, et dont il hérite uniquement le dogmatisme (l’universalité), cette fois-ci appliqué au sixième sens, celui qui juge de la valeur d’une œuvre artistique, il aboutit à s’ériger en auteur d’un courant opposé, apparenté au sensualisme. L’éloge des sens, au détriment de la raison, qui sont impliqués dans le jugement de goût du public invité à la diffusion de l’art, témoigne d’une coupure entre les époques ; la nouvelle ère appartient à Dubos et à ses disciples, qui répondent même des territoires étrangers, de l’Angleterre et même d’Allemagne. Les cinq parties de la thèse contiennent la description de la marche en avant, des pas de géant effectués dans le domaine des idées esthétiques par l’abbé Dubos. Si, dans la première partie, à l’occasion de la Querelle des Anciens et des Modernes, on découvre une rupture au sein des notions ; la notion de climat étant le noyau d’une théorie esthétique formulée avec le plus grand soin de détail par Dubos ; on découvre donc aussi une focalisation sur le sujet, créateur ou récepteur, siège du sentiment, la deuxième partie vient pour continuer à relever les mérites de Dubos, qui rend possible une attitude différente du public, public qui ne cherche plus l’instruction dans l’art, mais le plaisir, né de la satisfaction du besoin d’être occupé. Les trois autres parties explorent d’une façon plus profonde l’apport esthétique de Dubos : la critique psychologique, la critique scientifique et la critique comparée poésie/peinture. Les qualités de bon psychologue de Dubos, qui plonge dans l’âme du public au moment où il est attendri, rendent possible une meilleure création du génie, qui sait désormais s’adresser au public, de façon émouvante. À cet usage, Dubos formule une théorie du plaisir de l’art, du beau artistique et de l’émotion, qu’il incorpore de façon soudée à son système. Dans la quatrième partie, la critique scientifique, Dubos sonde l’âme du génie, le créateur surpris dans l’enthousiasme nécessaire à la naissance de l’œuvre d’art véritable, créée en vue de plaire. Lors du devenir du génie, les causes formatrices comme les causes morales ou les causes physiques se veulent responsables de ses productions artistiques, poésies ou peintures. De ces dernières nous nous sommes occupés dans la cinquième partie, en réalisant un parallèle, non seulement chez Dubos, mais aussi chez ses successeurs, comme Lessing, prioritairement. Une conclusion nous rappelle les mérites de l’abbé Dubos dans la fondation de l’esthétique moderne.