Formes nouvelles de l'engagement dans le roman espagnol actuel : Alfons Cervera, Belén Gopegui, Isaac Rosa
Auteur / Autrice : | Anne-Laure Bonvalot |
Direction : | Jean-François Carcelén |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | ETUDES ROMANES spécialité Etudes hispaniques et hispano-Américaines |
Date : | Soutenance le 05/12/2014 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; ....-2014) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LLACS - Langues, Litteratures, Arts et Cultures des Suds |
Jury : | Président / Présidente : Geneviève Champeau |
Examinateurs / Examinatrices : Georges Tyras, Fernando Valls | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Sagnes Alem |
Mots clés
Résumé
On prétend éprouver dans cette étude l'hypothèse suivante : le retour, dans le roman espagnol récent, d'un courant défendant ouvertement la puissance critique et politique de l'écriture littéraire. Saisie à la fois comme discours social et comme forme du savoir, la littérature serait dès lors porteuse de dissensus et potentiellement transformatrice. Cette tendance à contre-Courant, si elle reste minoritaire, n'en est pas moins profondément significative. Au plan esthétique, la revendication des notions de responsabilité, d'intentionnalité et de politicité de l'écriture n'implique pas de recourir à la transparence et au monologisme du roman à thèse. Elle induit plutôt un réinvestissement paradoxal des formes brisées du postmodernisme littéraire, situant la fiction politique du côté de la problématisation des canons et des normes, de la dénaturalisation, de la désidentification et du décentrement, de la critique des partages établis ou de la perturbation des places, plutôt que dans la certitude monolithe et l'imposition autoritaire du message. Sur cette inscription générique paradoxale s'articule un nouveau réalisme critique, qui problématise à l'envie l'injonction mimétique tout en revendiquant l'héritage du grand roman social. Au plan théorique et rhétorique, l'adoption d'une posture maximaliste où se donnent à lire les fondements conceptuels de l'engagement classique – interventionnisme, historicisme, injonction au positionnement, projet de dévoilement – s'accompagne d'un rejet de la catégorie d'écriture engagée, à laquelle les auteurs préfèrent d'autres vocables – écriture résistante, révolutionnaire ou responsable. À la croisée du roman mémoriel et de la fiction politique – deux tendances dont on analysera les jeux de recouvrement –, notre corpus d'étude se compose de treize romans de trois écrivains représentatifs de ce courant : Alfons Cervera, Belén Gopegui et Isaac Rosa, trois romanciers dont l'œuvre semble indiquer l'émergence d'un nouveau paradigme esthétique dont on se propose d'analyser les enjeux formels, théoriques et institutionnels.