Auteur / Autrice : | Maria Gabriela Zurita Benavides |
Direction : | Laure Emperaire, Laura M. Rival |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnoécologie |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Paris, Muséum national d'histoire naturelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Serge Bahuchet |
Examinateurs / Examinatrices : Elise Demeulenaere | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hélène Guetat-Bernard, Philippe Erikson |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les Waorani habitent la forêt amazonienne au nord-est de l'Équateur. Le paysage forestier constitue un livre ouvert de l’'histoire sociale et écologique de leur territoire. Les activités des ancêtres ont laissé des empreintes dans la forêt que les Waorani contemporains identifient et utilisent quotidiennement. Le croisement de l’histoire orale et des pratiques culturales raconte une société de trekkers, dont le mode de vie a incorporé diverses activités économiques : chasse, cueillette, agriculture et pêche, auxquelles s'ajoutent aujourd'hui ponctuellement des emplois salariés pour le compte de compagnies pétrolières ou pour des organisations représentatives. La mobilité des trekkers avec une subsistance fondée sur la chasse, la cueillette et la pratique de l'agriculture sont généralement considérées comme incompatibles, aussi bien par les théories évolutionnistes que par les approches de l’anthropologie culturelle. Nous proposons une nouvelle lecture de cette complémentarité entre activités au sein d’une société considérée comme égalitaire. Les pratiques culturales de cette société ont fluctué au long de son histoire selon ses équilibres économiques et politiques mais elles ont transformé le milieu naturel en y laissant leurs empreintes. La transmission de l’histoire orale fait appel aux éléments du paysage pour transporter les auditeurs dans le passé ; des lieux et des individus végétaux sont ainsi mobilisés dans la construction de la mémoire collective. Les épisodes historiques sont spatialement situés ; la distance temporelle est également signalée. L’étude de l’histoire orale m’a permis de construire un outil analytique, les « catégories temporelles waorani » qui permettent de repérer une période historique, quand des événements sont associés à des actions qui inaugurent la transformation de la composition végétale d’un endroit déterminé. L’association de l’histoire sociale et des configurations botaniques de ces forêts permettent d’appréhender des logiques d’appropriation qui rendent compte des motivations de retour en un lieu et de la réactivation de pratiques culturales. Les végétaux sont étudiés comme des objets accompagnant les actions humaines. Toutes les pratiques culturales sont prises en considération: des plus simples, comme celle de ramasser une tige à celles qui demandent une organisation sociale particulière comme l’agriculture. Le monde végétal est étudié selon la perspective waorani à partir des catégories locales d’usage des végétaux et de la nomenclature de ces derniers. La perspective waorani sur les végétaux en tant qu’éléments de la société est examinée dans les histoires de vie et les récits de l’histoire sociale. La reconstitution de l’histoire orale de deux groupes familiaux, associée aux arbres et aux palmiers dispersés dans le paysage m’a permis d’interpréter les relations que les Waorani entretiennent avec le monde végétal. Celles-ci sont présentées selon les « catégories temporelles waorani », c’est-à-dire, depuis les temps mythiques jusqu’à aujourd’hui. La conception waorani des végétaux s’appréhende à ce croisement de pratiques culturales et de la mémoire collective. Cette thèse nous permet d’appréhender les dimensions spatiales, temporelles et sociales du paysage waorani. Cette démarche restitue le mécanisme de reproduction sociale : c’est l’histoire orale composée des traits culturels et des savoirs locaux naturalistes. Dans les transformations des forêts s’inscrit l’impact des Waorani, ce qui permet d’expliquer les processus sociaux et écologiques qui conduisent à l’état observable de la forêt.