Thèse soutenue

Traduire le social en normatif : la justice islamique dans le grand Touat (Sahara algérien) au XVIIIe

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Auteur / Autrice : Ismail Warscheid
Direction : Houari Touati
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2014
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des mondes africains (France ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Pierre Boilley
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Colleyn, Christian Müller, Abdel Wedoud Ould Cheikh, Jean Schmitz

Résumé

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Entre le XVIIe et le XIXe siècle, les oasis du grand Touat assistent à l’essor d'une érudition portée par un collectif d'ulémas autochtones, issus d'un réseau de lignages savants dont les contours se sont progressivement esquissés depuis le Moyen Age tardif. La cristallisation de ces milieux lettrés s'accompagne de la mise en place d'institutions judiciaires. Leur travail nous est documenté à travers une série de recueils de jurisprudence (nawāzil) volumineux colligés entre 1750 et 1850. L'extraordinaire richesse des matériaux confinés dans ces recueils lance un véritable défi à la conception, selon laquelle l'application du droit musulman au Maghreb se cantonnerait à quelques ilots citadins entourés d'un immense « pays de coutume ». Les nawāzil témoignent en effet du fait que la région s'est dotée d'un appareil de justice qui a pour protagonistes la figure du cadi et celle du mufti. Notre thèse s'attache à sonder les modalités du fonctionnement de cette justice rurale. II s'agit de comprendre ce que signifie pratiquer la charia dans le grand Touat et de restituer comment les populations de la région s'approprient cette juridiction. S'il est vrai que l'institution judiciaire oasienne reproduit des modèles citadins, force est de relever cependant que son travail se déploie dans une configuration sociale acéphale qui la prive de l’appui d'un pouvoir étatique se portant garant de ses actes. Ses capacités d'intervention se négocient dans l'interaction entre élites religieuses et communautés locales. Cette dynamique soulève une problématique inédite : celle de l'acculturation au droit musulman dans des sociétés lignagères « sans Etat».