Thèse soutenue

Le devenir des jeunes femmes engagées volontaires dans la guerre du Vietnam
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Auteur / Autrice : Van Chien Kim
Direction : Alain Caillé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 26/06/2013
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004_...)
Jury : Président / Présidente : Jacques Barou
Examinateurs / Examinatrices : Alain Caillé, Jacques Barou, Khoa Lê-Huu, Van Thao Trinh, Myriam de Loenzien
Rapporteurs / Rapporteuses : Khoa Lê-Huu, Van Thao Trinh

Résumé

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Trente cinq ans ont passé depuis la fin de la Guerre du Viêt Nam, mais pour les femmes ex-volontaires le combat continue. Combat pour une vie décente. À leur retour, pour s’intégrer à une vie normale, il leur a fallu dépasser toutes sortes de difficultés: d’abord celles liées à leur état de santé, puis les difficultés économiques, sociales et familiales. Bien que l’État vietnamien ait enfin adopté des mesures en leur faveur, celles-ci se sont révélées impuissantes à améliorer leur niveau de vie et à compenser leurs souffrances. Elles ont donc le sentiment de ne pas avoir été reconnues. Les résultats scientifiques de cette thèse ont montré que le choix altruiste de leur engagement pendant la guerre s’était fait sur une base « rationnelle ». Malgré certains cas d’engagements « forcés », la majorité d’entre elles se sont déterminées à partir d’un intérêt privé: venger la mort d’un proche, obéir à l’esprit révolutionnaire familial, ou goût de l’uniforme, peur du « qu’en-dira-t-on », désir d’indépendance, fuir la pauvreté familiale, laisser un garçon à la maison pour s’occuper des ancêtres et s’engager à sa place. Intérêt d’ordre personnel, familial, économique ou révolutionnaire. Rarement purement patriotique. Sur les champs de bataille, elles ont non seulement aidé les combattants en assumant les transports de munitions, de vivres, de blessés ou les travaux reconstruction des routes, mais elles ont aussi combattu aux côtés des hommes, armes à la main. Nous avons vu l’importance des éléments extérieurs, « exogènes », ayant contribué à leur souffrance, comme l’environnement géographique (montagnes, jungle et présence d’animaux dangereux ou porteurs de maladies); le climat (alternance de pluies ou de sécheresses intenses); les circonstances de guerre (bombardements, produits chimiques, blessures, exposition à la mort) et les circonstances dues aux déplacements (faim, soif, fatigue, épuisement du corps). À leur retour, ces femmes n’ont pas été reconnues. Les traces laissées sur leur corps par la guerre ont gravement perturbé leur intégration: solitude, mariage difficile, santé maladive. Leur faible niveau d’éducation ne leur permettant pas de trouver un emploi correct, c’est donc sur tous les fronts qu’elles ont dû se battre: personnel, familial et professionnel. La société, à ce jour, les distingue en six catégories: mariées, divorcées, séparées, célibataires, sans enfant et sans-abri. C’est ainsi, avec l’ensemble des ex-jeunes volontaires qui réclamaient une identité et des droits particuliers, qu’ils ont d’abord « lutté pour la reconnaissance ». Puis ont participé à la création du Comité de liaison des ex-jeunes volontaires, auquel a succédé l’Association des ex-jeunes volontaires. Cette association a constitué LA nouvelle force motrice. Elle a joué pleinement son rôle d'un témoignage historique, exigeant du Parti et des autorités locales la mise en œuvre de politiques sociales appropriées. Mais ces politiques n’ont répondu que partiellement aux attentes. « Le don et le contre-don » ne sont donc pas équitables, car cette aide demeure très insuffisante et ne touche qu’un nombre restreint de femmes, celles ayant pu conserver durant toutes ces années les fameux papiers justifiant leur engagement, et justifiant leurs blessures.