De la conversion à la guérison : puritanisme, psychothérapies, développement personnel
Auteur / Autrice : | Pierre Prades |
Direction : | Alain Caillé |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 29/05/2013 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre) |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane Haber |
Examinateurs / Examinatrices : Alain Caillé, Stéphane Haber, Hubert Bost, Jacqueline Carroy, Roberte Hamayon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hubert Bost, Jacqueline Carroy |
Résumé
La psychothérapie et le développement personnel promettent à l’individu contemporain de s’accomplir par une expérience de transformation de soi. Un tel idéal d’accomplissement est à la fois une liberté et une injonction, et cette thèse propose de l’interpréter comme un lointain héritage de l’éthique puritaine de la vocation. Elle soutient que c’est le jeu d’une dynamique émotionnelle dans une dimension éthique qui donne à l’expérience thérapeutique et à l’expérience religieuse une efficacité symbolique de même nature, celle d’un acte de foi. En cela, la guérison thérapeutique paraît être en grande partie une sécularisation de la conversion religieuse, offrant la santé en guise de sainteté. Elle tente d’établir que la mobilisation des affects joue un rôle moteur dans l’expérience thérapeutique, comme dans l’expérience religieuse, pour traduire des perceptions cognitives en actes volontaires. Elle propose de voir dans cette dynamique entre sentir, penser et vouloir, un legs du modèle psychologique de la conversion élaboré par les puritains au XVIIème siècle dans le cadre de la « théologie de l’Alliance », qui faisait de l’acte de foi la conclusion d’un syllogisme pratique, à la fois volontariste et optimiste. Pour mettre en évidence ce legs, cette thèse retrace les étapes de l’interaction entre les deux rives de l’Atlantique qui a contribué à produire deux aspects complémentaires du modèle culturel contemporain : d’une part, une éthique de transformation de la personnalité visant un dépassement des limites du moi, d’autre part une valorisation de l’émotion comme critère d’authenticité de l’expérience vécue.