Que sont les rêves ? : Entre psyché et soma : les paraplégiques marchent-ils dans leurs rêves ?

par Marie-Thérèse Saurat

Thèse de doctorat en Psychologie clinique

Sous la direction de Anne Andronikof-Sanglade.


  • Résumé

    Notre travail de thèse concerne les sources et les fonctions du rêve que nous avons cherché à définir à partir d’un exemple précis, la marche dans les rêves de sujets paraplégiques ou tétraplégiques. Il implique deux disciplines, la neuropsychologie et la psychologie clinique. Nous avons effectué notre recherche auprès de blessés médullaires devenus paraplégiques ou tétraplégiques après un grave accident. Nous nous sommes posé plusieurs questions : le trauma est-il incorporé dans les rêves ? Alors qu’ils ont perdu la capacité de mouvoir leurs jambes, les sujets rêvent-ils encore de marche, de course, de nage, de bicyclette, de saut ? Les rêves peuvent-ils contenir les aptitudes motrices d’un passé lointain, ou des aptitudes qui n’ont jamais été expérimentées ? Même s’il utilise des matériaux connus, le rêve est-il pure construction de l’esprit ou est-il issu d’une réalité physiologique ? Nous avons comparé ce groupe de blessés médullaires à deux autres groupes, des paraplégiques de naissance et des sujets témoins, valides. Nous avons recueilli les rêves de tous ces sujets durant six semaines et avons conduit sept entretiens à la fin desquels nous avons administré des tests (échelle d’anxiété, qualité du sommeil, inventaire de coping, test de personnalité, échelle de dépression, évaluation du syndrome psycho-traumatique, test de mémoire). Nous avons fait une analyse de contenu en prenant comme unité d’analyse la proposition grammaticale. Nous avons pu déterminer quel groupe présente le pourcentage le plus élevé de propositions contenant un terme exprimant le mouvement des jambes du rêveur : il s’agit du groupe des paraplégiques de naissance avec 11,64 % de propositions exprimant le mouvement des jambes, puis vient le groupe des blessés médullaires avec 9,492 % de propositions exprimant le mouvement des jambes, et, enfin, le groupe des sujets contrôles qui montre le plus petit pourcentage d’activités avec mouvement des jambes, c’est-à-dire 5,34 %. Cette restauration de l’intégrité physique durant les rêves des paraplégiques nous fait penser que l’activité onirique n’est pas nécessairement issue d’une stimulation physique. Nous avons observé chez nos patients deux aspects de l’activité onirique : les rêves où le sujet est valide et s’adonne à des activités agréables et au contraire les rêves au cours desquels il exprime sa souffrance. En nous appuyant sur les résultats de chercheurs (en particulier Solms, Gottesman et Joëls), nous avons mis en évidence le rôle de la dopamine dans les rêves-plaisir et le rôle du cortisol dans les mauvais rêves. Nous avons aussi suggéré que la source du rêve pouvait-être la réactivation des neurones miroirs lorsqu’il y a eu apprentissage durant l’éveil ou observation. Enfin, nous avons présenté les principales théories concernant les fonctions du rêve et nous nous sommes posé des questions au sujet de ces théories. Enfin, nous avons proposé que la principale fonction du rêve est de rendre le sommeil agréable comme toutes les autres fonctions le sont, sauf dans les cas de stress (manger, boire, avoir une activité sexuelle sont des fonctions nécessaires à la survie et s’exercent avec plaisir). Mais sur son autre face, l’activité onirique exprime les préoccupations, l’anxiété, la souffrance , ce qui a un rôle mis en évidence par les psychosomaticiens : l’expression de ce qui ne va pas préserve le sujet de l’alexithymie.

  • Titre traduit

    What are dreams ? : between psyche and soma : do paraplegics walk in their dreams ?


  • Résumé

    In this thesis we tried to specify the origin of dreams and what is their purpose, this, with a precise example, walking in the dreams of paraplegic and tetraplegic subjects. This work includes clinical psychology and neuropsychology. Our research has been carried out near a group of subjects with spinal cord injury after traumatic event. Several questions has been asked : is the trauma inserted in dreams ? Do paraplegic and tetraplegic subjects dream of walking, running, dancing, bicycling, swimming, standing up, jumping ? Do dreams contain remote or never experimented skills ? Even if dreams use known materials do they come from physiological reality or are they a pure mentation ? To answer to these questions we compared the group of spinal cord injured subjects with a group of paraplegics since birth and a group of healthy subjects. We collected dreams of all these subjects during six weeks and we led seven interviews. After each interview we evaluated with tests psychological state, sleep, memory and, for the subjects with spinal cord injury, post traumatic stress disorder. The tests were anxiety inventory (Spielberger), symptom check-list (Derogatis), coping inventory for stressful situations (Ciss of Endler en Parker), Montgomery and Asberg Depression Scale (MADRS of Montgomery and Asberg), for sleep, Pittsburg Sleep Quality Index (Buysse, Reynolds, Monk, Berman and Kupfer), for memory RL/RI 16 (Van der Linden and the Gremen) and at last for the subjects with spinal cord injury, the Traumaq of Damiani and Pereira-Fradin. We followed a process of content analysis of the written reports of dreams. The unit of analysis was the grammatical clause. Clauses with terms showing voluntary legs movement were computed. The group of subjects with congenital paraplegia has the higher proportion of these clauses, id est 11,64 %, that shows us discontinuity between awaking activities and dream activities. Subjects with spinal cord injury have 9,462 % of clauses with voluntary leg movements and healthy subjects only 5,34 %. If the written reports of all paraplegics are compared with the written reports of all controls, all paraplegics have 10,22 % of terms showing voluntary legs movements and controls 5,34 %. This state of physical integrity in paraplegics dreams suggests that oneiric activity is not necessarily coming from a physical stimulus. We pointed with paraplegic patients two aspects in their dreams : in some of them, the subject is healthy and has pleasant activities and on the contrary in others ones, he shows his pain. We have relied upon authors as Solms, Gottesman, Joëls to point how dopamine could take part in pleasant dreams and cortisol in unpleasant ones. We also suggested that neurons mirrors might be reactived during sleep when there was learning or observing during awaking. This reactivation could be the origin of some dreams. We have asked some questions about principal theories related to dreaming, then, we proposed that the aim of dreaming is that sleeping must be made pleasant. All the others necessary activities for survival, eating, drinking, sexual act, are pleasant except when there is stressful situation. But on another way, dreams express concerns, anxiety, pain. The somato-psychologists emphasized this point and according to their theory, the emotions expression prevents from alexithymia.

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Informations

  • Détails : 2 vol. (154 - 232 f.)
  • Notes : Tome 2 confidentiel
  • Annexes : Bibliogr. p.144-154.

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  • Bibliothèque : Université Paris Nanterre. Service commun de la documentation.
  • Non disponible pour le PEB
  • Cote : T13 PA10-051
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