Thèse soutenue

Critique de la modernité et philosophie de l'enracinement : la médiation des valeurs dans l'oeuvre de Simone Weil

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Auteur / Autrice : Fabien Mathurin Enyegue Abanda
Direction : Jean-Jacques Wunenburger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie (histoire de la philosophie, épistémologie, herméneutique, métaphysique)
Date : Soutenance le 12/02/2013
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Bruno Pinchard
Examinateurs / Examinatrices : Robert Chenavier
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel Gabellieri, Dominique Folscheid

Résumé

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Basée sur l’idée de progrès, la science moderne, d’inspiration cartésienne, est perçue par Simone Weil comme la principale cause de la crise moderne des valeurs. Sous-tendue par le mouvement droit, elle a perdu le principe d’analogie et s’est, de la sorte, dessaisie du monde ambiant des réalités quotidiennes. Aussi apparaît-elle non seulement comme à la source du scientisme, de la croyance en une raison scientifique autonome et du culte rendu aux applications techniques, mais aussi à l’origine du capitalisme industriel, du communisme révolutionnaire, du totalitarisme, de l’effondrement de l’ordre axiologique universel traditionnel concomitant à la crise de la civilisation. Les conséquences issues de ce mouvement de déracinement n’ont pas seulement conduit à l’oppression prolétarienne et coloniale ou au modernisme comme primat des valeurs d’innovation sur les valeurs de tradition, mais surtout à l’oppression généralisée et à l’oubli des structures axiologiques primordiales universelles que sont l’Etre, la Nécessité, le Passé, le Surnaturel. Fondé sur une dialectique structurelle déracinement-enracinement, pesanteur-grâce, le discours philosophique de Simone Weil sur la modernité poursuit un double enjeu. Sans se démarquer de la raison philosophique immanente, elle s’attelle à la fois à la dénonciation des propensions et défaillances qu’offrent les valeurs illusoires modernes d’argent, d’algèbre, de machinisme, d’impérialisme, de révolution, de démocratie, qu’à la conception d’une philosophie de la médiation des valeurs apte à contribuer à la renaissance d’une culture d’attention au capital axiologique de l’humanité. En effet, la modernité n’apparaissant plus que comme synonyme de crise des valeurs, il convient de tirer au clair ce piège qui fait de l’homme l’esclave de ses propres productions en y entreprenant une herméneutique ouverte non seulement au principe ontologique de nécessité, au-delà de toute projection avant-gardiste, mais surtout à une herméneutique des civilisations inspiratrices de l’humanité, en dehors de tout misonéisme passéiste, où le Surnaturel s’atteste dans sa plénitude comme critérium des valeurs authentiques et principe de médiation témoignant de l’enracinement de toutes choses dans l’être. Sans être en opposition avec les impératifs de découverte, d’invention et de développement, la philosophie weilienne de la médiation des valeurs se dévoile dans sa posture et sa validité comme une philosophie d’inspiration universelle à l’enracinement des peuples, des cultures et des nations, attentive à une pensée permanente des rapports entre la tradition et l’innovation, l’universalité et l’historicité.