Thèse soutenue

Les soins traditionnels chez le bébé martiniquais : "Doktè fey" et psychologue, identité maternelle et transmission entre les générations

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Auteur / Autrice : Josiane Broche Jarrin
Direction : Denis Mellier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 15/01/2013
Etablissement(s) : Besançon
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychologie - Laboratoire de Psychologie (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Houari Maïdi
Examinateurs / Examinatrices : Denis Mellier, Houari Maïdi, Drina Candilis-Huisman, Marie Rose Moro, Raphaël Confiant, Ouriel Rosenblum
Rapporteurs / Rapporteuses : Drina Candilis-Huisman, Marie Rose Moro

Résumé

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Cette thèse s'inscrit dans le champ de la psychologie transculturelle du bébé, une clinique de la créolisation du pays Martinique. Cette recherche part du problème du devenir mère et de la souffrance du bébé qui se trouve au centre de deux sortes de discours, de deux systèmes de soin. D'une part, le discours populaire, discours porté par la tradition sur les conceptions de la maladie qui affectent le tout petit, la façon de guérir et /ou soigner l'enfant et les techniques appropriées. Ce discours est porté par la grand-mère, voire l'arrière-grand-mère lorsque cette dernière est encore en vie, et par les anciens. D'autre-part, le discours médico-social porté par les psychologues et les pédopsychiatres, où le sens donné à la souffrance du bébé et des mères ne tiendra pas compte des croyances et de la culture. Les jeunes mères consultent dans une errance entre la médecine occidentale, une médecine «visible», et le système de soin du guérisseur, appelé "doktè fey", une médecine «invisible». Notre hypothèse repose sur l'idée que le "doktè fey" représenterait une partie de la mère, il la rendrait compétente, lui permettrait de se réapproprier son enfant, car, par ses conseils et ses actes, il réaffirmerait l'unité mère-enfant en les inscrivant dans la transmission des générations. Nous analysons ces deux conceptions concernant la souffrance et la prise en charge du bébé au niveau des différents modèles du soin, des différentes logiques sociétales et des conflits entre les différents points de vue sur l'enfant. Pour ce faire, nous avons développé une démarche transculturelle et ethna-­clinicienne auprès des familles et de leurs bébés, des guérisseurs et des psychologues. Les outils utilisés sont le questionnaire, les entretiens semi directifs, le recueil d'observations de techniques de bain traditionnel et des études de cas. Les résultats mettent en évidence d'une part la difficulté pour les jeunes mères d'adhérer aux modalités du traitement proposé par la médecine «visible», lorsqu'elles sont confrontées à la mort potentielle de leur bébé porteur de pathologies spécifiques, c'est-à-dire culturellement codées, d'autre part le sens du recours à la médecine «invisible». Pour conclure, on ne peut comprendre le désordre psychique dans les pays comme la Martinique sans tenir compte de la culture, c'est à dire des croyances, des langues et des pratiques, qui ont cours dans l'histoire et dans la construction de l'univers créole. Cette recherche met ainsi l'accent sur les liens et les ponts possibles à trouver entre ces deux médecines.