Thèse soutenue

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Auteur / Autrice : Laurence Bichaud
Direction : Rémi Charrel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pathologie humaine. Maladies infectieuses
Date : Soutenance le 23/01/2013
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Sciences de la Vie et de la Santé (Marseille)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité des virus émergents (Marseille)
Jury : Président / Présidente : Xavier de Lamballerie
Examinateurs / Examinatrices : Rémi Charrel, Xavier de Lamballerie, Anne-Laure Bañuls, François Renaud, Petr Volf
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Laure Bañuls, François Renaud

Résumé

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Les phlébotomes sont les vecteurs reconnus de plusieurs arbovirus, en particulier du genre Phlebovirus, ainsi que de parasites du genre Leishmania. Les infections par les phlébovirus sont responsables chez l’homme de maladies décrites depuis longtemps, pourtant ils demeurent méconnus, avec en particulier un manque de données épidémiologiques et d’outils de diagnostic.Dans une première partie, des études de séroprévalence nous ont permis d’aborder l’impact en santé publique, dans le sud-est de la France, de deux phlébovirus connus pour leur pouvoir pathogène chez l’homme, Toscana virus (TOSV) et Sandfly fever Sicilian virus (SFSV). Pour ce dernier, des anticorps spécifiques (IgG) ont été détectés dans moins de 1% des sérums testés, ce qui suggère que SFSV joue un rôle mineur dans les pathologies humaines de cette région ; ces résultats sont corroborés par l’absence, durant ces dernières décennies, de cas documentés d’infection aigüe due à SFSV en Europe occidentale. Nous avons donc pu concentrer notre travail sur le deuxième groupe de phlébovirus d’intérêt chez l’homme, le groupe des Sandfly fever Naples virus, qui inclut notamment TOSV. Nous avons démontré l’existence d’un lien épidémiologique entre les infections à Leishmania infantum et celles à TOSV, certainement dû au fait que ces pathogènes sont transmis par un vecteur commun (Phlebotomus perniciosus). Les analyses statistiques ont montré que les personnes exposées aux infections à TOSV ont plus de chance d’être aussi infectées par les parasites leishmanies (et vice versa). En admettant que ce lien épidémiologique entre leishmanioses et infections à TOSV est représenté par l’exposition à la piqûre d’un vecteur commun, cette étude confirme l’implication de Phlebotomus perniciosus en tant que vecteur principal de TOSV dans le sud de la France. Cette étude suggère également que certaines données épidémiologiques disponibles pour la leishmaniose pourraient être utilisées pour décrypter l’épidémiologie des infections à TOSV.La deuxième partie de cette thèse est consacrée à la détection, l’isolement et la caractérisation de virus, déjà connus ou inconnus, dans les populations de phlébotomes en France et en Afrique du Nord. Pour atteindre cet objectif, nous avons dû développer une plateforme d’analyse à au débit, adaptée pour la découverte de virus dans les phlébotomes, qui permette de traiter un grand nombre d’échantillons à faible coût. Cette plateforme a récemment été complétée par un outil de Next Generation Sequencing, afin de réaliser la caractérisation génétique complète des virus isolés et découverts. Au total, 12 576 phlébotomes ont été capturés au cours de 12 campagnes de capture menées en France, en Tunisie et en Algérie. Au sein d’une même zone géographique, la découverte de plusieurs nouveaux phlébovirus, ainsi que leur taux d’infection observé dans les populations de phlébotomes, ont démontré que la diversité de phlebovirus est bien plus importante qu’attendue.Dans la troisième partie de cette thèse, une étude de séroprévalence a été menée sur des sérums humains en utilisant des tests comparatifs de neutralisation de virus. Cette étude nous a permis d’exclure le virus Punique, récemment découvert, de la liste des principales menaces en santé publique au nord de la Tunisie, et de confirmer que TOSV est le principal phlebovirus pathogène ayant un impact en santé publique dans cette région du pays. Cette méthode de neutralisation est capable d’identifier précisément, parmi des virus génétiquement proches, le virus contre lequel les anticorps présents dans le sang ont été produits, ce qui permet de déterminer la capacité de chacun de ces virus à jouer un rôle en santé publique.