Thèse soutenue

Pour un ''théâtre autobiographique''. Exemples européens de la seconde moitié du XXe siècle

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Auteur / Autrice : Maja Saraczynska
Direction : Sylvie Jouanny
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et Littérature Françaises
Date : Soutenance le 01/12/2012
Etablissement(s) : Paris Est en cotutelle avec Uniwersytet Jagielloński (Kraków, Polska)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil)
Jury : Président / Présidente : Jeanyves Guérin
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Jouanny, Regina Bochenek-Franczakowa, Małgorzata Sugiera, Wacław Rapak
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Simonet-Tenant

Résumé

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Depuis les années mille neuf cent soixante-dix, l'autobiographie littéraire ne cesse de susciter un intérêt croissant et les travaux critiques à son sujet sont actuellement nombreux. Cependant, aucune étude théorique exhaustive sur l'autobiographie uniquement théâtrale n'existe à ce jour. Face à cet écart flagrant entre la pratique existante et la théorie manquante, il semble nécessaire d'apporter une contribution à la théorisation et à la classification de cette catégorie problématique. La présente thèse, dont le titre se réfère à l'ouvrage charnière de Philippe Lejeune Pour l'autobiographie, s'interroge dans un premier temps sur la crise des genres (autobiographique et théâtral) afin d'analyser l'histoire et la genèse de l'autobiographie dramatico-théâtrale à partir du Drame de la vie de Restif de la Bretonne. Cette recherche se doit cependant non seulement de défendre un genre déprisé, mais également de plaider pour son existence.Étant donné l'essor du théâtre autobiographique après la Seconde Guerre mondiale (dont l'Histoire générale ne cesse de contaminer l'histoire intime des autobiographes en question), ce travail porte sur l'insertion de l'autobiographie dans les drames et les spectacles européens de la seconde moitié du XXe siècle. Les exemples choisis mettent en lumière les créateurs investis entièrement dans la mise en espace de leur propre histoire : de l'écriture, en passant par la scénographie et la mise en scène, jusqu'au jeu et / ou présence scénique. Les critères de sélection des œuvres du corpus (six cas d'études principaux : Anouilh, Duras, Grumberg, Ionesco, Kantor, Różewicz) portent sur le rapport direct des écrivains dramatiques à la conception du spectacle vivant, et soulèvent par là la question de la création totale, de la transformation des genres, de l'(ir)représentabilité de l'autobiographie sur scène et de la (re)construction de soi et de son passé par le biais d'un spectacle théâtral. Le dialogue constant entre l'histoire personnelle de l'auteur (autobiographie mise en forme) et l'Histoire générale (mémoires subjectivisés) constituera donc le motif privilégié de cette étude.Cette étude a ainsi pour vocation d'apporter non seulement une contribution à la définition et à l'évolution du théâtre autobiographique, en démontrant les spécificités et les caractéristiques communes des œuvres théâtrales de soi, mais aussi – ou avant tout – d'identifier ce que le théâtre apporte au genre autobiographique et par quel(s) moyen(s) il permet de le renouveler. Le cheminement proposé permet d'observer la genèse et l'évolution du théâtre autobiographique dans lequel la matérialité de la scène occupe une place grandissante : l'histoire du genre dans la première partie, la réécriture d'une autobiographie en prose en une pièce dramatique (par Duras et Ionesco) mise en scène par un artiste associé et accompagné dans la seconde partie, la participation active de l'autobiographe à la mise en scène collective de sa pièce intime (Anouilh, Grumberg) dans la troisième partie, la déconstruction du texte dramatique préexistant cédant le premier rôle au plateau (Różewicz, Kantor, Podehl) dans la quatrième partie. C'est ainsi que le mélange de l'onirisme et de la plasticité (Mądzik, Znorko) constitue en quelque sorte l'aboutissement de cette forme d'expression de soi et permet de saisir au mieux l'essence-même du théâtre autobiographique qui ne doit plus raconter la vie de l'autobiographe, mais la recréer dans l'espace