Thèse soutenue

La glisse au coeur des résistances et contestations face à l’institutionnalisation des territoires du surf en Aquitaine

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Auteur / Autrice : Ludovic Falaix
Direction : Vincent Vlès
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement et urbanisme
Date : Soutenance le 06/06/2012
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences sociales et humanités (Pau, Pyrénées Atlantiques)

Résumé

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Cette recherche examine d’une part le caractère ontologique de la spatialisation des surfeurs et appréhende d’autrepart la nature des politiques publiques territorialisées en faveur du surf. Dans le cadre du rapport du surfeur à la vague, onobserve qu’à travers l’acte de glisse, les surfeurs métamorphosent le lieu et produisent leurs espaces de pratique. Ilsnourrissent ainsi le sentiment d’être-au-monde induit par l’habitabilité de la vague, la cosmogonisation de la vague. Enréhabilitant le concept d’habiter forgé par Martin Heidegger, on élabore les contours d’une géographie de l’intime penséecomme l’étude de l’espace habité afin d’envisager « la géographicité » des surfeurs, leurs « prises trajectives », leur« condition géographique ». On distingue donc les termes de lieu et d’espace en démontrant que le premier est atopique,insignifiant tandis que le second est sacralisé. On entend alors dépasser une lecture de l’espace présupposé comme déjàacquis pour l’homme et abordé comme seul support de ses spatialités. Par ailleurs, on examine comment les néoterritorialités sportives induites par la démocratisation du surf sur la côte aquitaine bouleversent la structuration des stations balnéaires fondée sur plus de deux siècles de développement touristique. Les pouvoirs publics, forts de la réhabilitation de l’image du surfeur dans le paysage médiatique, et conscients des enjeux territoriaux inhérents à la promotion de cette pratique sportive, accompagnent l’ancrage du surf et orchestrent une intégration sociospatiale du surf au sein des espaces urbains de ces stations balnéaires. Quant à l’institutionnalisation des territoires du surf, déclinée dans les outils de prospective et de planification territoriale, elle se traduit par « une mise en scène (géo-)graphique » du potentiel récréatif du littoral aquitain, une diversification de l’offre sportive au bénéfice d’un renforcement de l’attractivité touristique. Mais cette institutionnalisation des territoires du surf n’est pas sans provoquer des résistances et contestations de la part de certains surfeurs. Celles-ci, jusqu’ici présentées comme des luttes intestines et stigmatisées dans le seul champ de la déviance, sont alors présentées comme les manifestations d’un désir de préserver la dimension ontologique de l’espace-vague habité. À l’heure où le surf est mobilisé pour réenchanter le littoral aquitain, certains surfeurs, désenchantés vis-à-vis d’un tel projet de développement touristique, résistent et contestent en réponse à ce qu’ils ressentent comme une atteinte à leur existentialité.