Thèse soutenue

La culture de paix face au populisme en Afrique
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Auteur / Autrice : Nestor Bidadanure
Direction : Patrice Vermeren
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-René Garcia
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Douailler, Vitrice Yekpe
Rapporteurs / Rapporteuses : Renée Fregosi

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Notre thèse montre que, contrairement à l’idée bien répandue dans les médias et dans de nombreux discours politiques, la crise africaine n’est pas ethnique mais bien politique. Dans les Grands Lacs, objet central de notre étude, il n’y a pas d’ethnies au sens classique du terme car les composantes hutu et tutsi partagent la même langue, la même culture et vivent entremêlées sur un même territoire. Nous rappelons aussi que quand bien même il y aurait une différence identitaire entre ces composantes des nations rwandaises et burundaises, cela n’impliquerait pas pour autant un antagonisme entre ces deux entités ; il n’y a pas de corrélation entre la différence ethnique et le conflit à caractère ethnique. Nous montrons que la crise dans les Grands Lacs, dont le sommet fut le génocide contre les tutsi et le massacre des hutu opposés au pouvoir extrémiste, s’enracine dans le fait politique. Pour comprendre l’origine d’une vision animalisante de l’autre qu’a imposé le pouvoir colonial belge aux élites colonisées, nous revisitons le contexte idéologique de son émergence au 18ème et 19ème siècle. Nous analysons le phénomène de l’aliénation que constitue l’intériorisation par les élites postcoloniales de l’idéologie coloniale ainsi que les processus de sa reproduction radicale dans la période postcoloniale. Nous interrogeons la capacité du concept de culture de paix tel qu’il fut pensé par l’Unesco et les Nations Unis à servir d’antithèse à ce que nous appelons le populisme identitaire radical dans les Grands Lacs. Nous montrons que le concept de Culture de paix doit s’enrichir de la philosophie de l’altérité africaine « Ubuntu » pour mieux servir de contre-culture au populisme identitaire radical. Nous montrons également qu’une culture de paix ne peut être un fait dominant de la conscience des individus sans être porté par les acteurs politiques, que la possibilité de rendre hégémonique une culture de paix est inséparable de l’acte de résistance politique.