Thèse de doctorat en [Recherche en psychopathologie et psychanalyse]
Sous la direction de Sylvie Le Poulichet.
Soutenue en 2012
à Paris 7 .
Le deuil surgit dans la clinique, inattendu derrière les symptômes. Mise en jeu du corps et des identifications il est une ouverture sur les méandres de la mémoire individuelle et familiale et ses brisures. La perte réelle d'un parent ou d'un grand-parent survenue durant l'enfance ou l'adolescence est réactivée au détour des cassages de la vie, des traversées de zones de bascule. La conception de Freud dans « Deuil et mélancolie » est revisitée à partir de la singularité des cas cliniques où « l'ombre de l'objet » interroge l'identité et le narcissisme. Le travail du deuil et ses reprises comporte des phénomènes d'incorporation partielle et de recompositions identificatoires. Le transfert inscrit le deuil dans un espace entre présence et absence, visible et invisible, mémoire et oubli, deuil du regard et survivance de l'objet et des images. Le regard y relance les mouvements pulsionnels, le rêve et la pensée chez des patients où la parole est rare, détachée des affects, où le sentiment d'exister est recouvert par l'ombre des morts. Les miroirs du deuil, sont des miroirs sans reflet, où l'image est momentanément absente et indisponible, métaphores des expériences de disparition du visage et de rapt du regard, lieux des confusions identificatoires et des apparitions du mort. Les expériences spéculaires de voile et de dévoilement de l'image, à l'instar du rite des miroirs cachés, sont traversées dans la cure, médiatisées et apprivoisées dans le transfert, loin de la solitude où le sujet s'est risqué à la folie : regarder dans un miroir vide, voir passer l'apparition du mort. L'approche anthropologique éclaire la clinique du deuil. Les rites délimitent les zones d'échange et de séparation, bordent les expériences de confusion entre les vivants et les morts. Ils inscrivent l'expérience du deuil dans des espaces de transmission, de symbolisation et de mémoire.
Mourning's mirrors : The look in the impasses of mourning
Behind symptoms,mourning suddenly appears. It expresses the body and identifications, it opens on familial and individual memory's cuves and breakings. The real loss of a parent or a greatparent when it occurs during childhood or adolescence, is reactivated by life's steps, by crossing unbalanced zones. Freud's vision in "Deuil et mélancolie" is studied, from clinical cases in which "the object shadow" questions identity and narcissism. The process of mourning includes phenomenons of partial incorporation and identificatory recomposition. Transfer puts mourning into a space between presence and absence, visible and invisible, memory and forgetting, loss of look and survival of the object and images. Look recreates drives movement's dreaming and thinking for patients who talk rarely, without affects and whose existence is recovered by dead's shadow. Mourning's mirrors are reflectless mirrors within which image is momentarily away and not available. They are metaphors of experiences of face's vanishing and loss of look. They are places where confusions and apparition of the dead occur. Similarly to the rite of hidden mirrors, vision experiences of the image's closure and disclosure are crossed through therapy, are enlightened in the process of transfer, far away from the loneliness where the subject approached madness : looking in a empty mirror, looking at the dead's apparition passing by Anthropological approach enlights mourning clinical by grasping the mourning trauma. Rites limit exchange and separation's zones, as well as confusion experiences between living and dead. Rites put mourning experience in spaces of transmission, symbolization and memory.
Cette thèse a donné lieu à une publication en 2016 par CampagnePremière à Paris
Le deuil en miroir : approches analytique et anthropologique