Thèse de doctorat en Histoire et civilisations
Sous la direction de André Gueslin.
Soutenue en 2012
à Paris 7 .
Selon quelle modalité s'est opérée en France, de la crise des années 1880 à 1914, la constitution de l'accès au marché du travail en espace de mobilisation des forces sociales et objet de politique publique ? La concurrence multidimensionnelle entre intermédiaires de placement, supports d'accompagnement des sans-travail vers l'embauche, est au coeur de cette thèse. La bataille du placement s'ouvre en 1886 à Paris avec la lutte frontale des salariés de l'alimentation contre les placeurs commerciaux, acteurs contestés de la marchandisation de la demande de travail. Des alternatives gratuites sont alors inaugurées, bourses du travail appropriées par les syndicats ouvriers et bureaux municipaux, à l'origine instances d'imprégnation philanthropique proches des sociétés d'assistance par le travail. La gratuité universelle du placement est certes proclamée en mars 1904, au terme d'un processus législatif heurté, précipité par une campagne syndicale intense. Mais un véritable service public de l'accès au travail peine à s'épanouir. La synthèse républicaine n'agit pleinement que dans les années qui précèdent la Première Guerre mondiale. L'avènement d'offices communaux restructurés, professionnels, convertis au paritarisme est impulsé par le ministère du Travail en collaboration avec les réseaux réformateurs, dans la perspective d'une résorption du chômage. Cette installation procède d'une hybridation des logiques à l'oeuvre dans les organismes de placement préexistants et contribue à gommer le pluralisme conflictuel jusque-là prédominant. Le bureau paritaire est un vecteur essentiel de la construction du marché du travaill, par l'organisation volontariste de celui-ci.
The battle of placement and the unemployed. Competition amond intermediaries and republican synthesis at the root of french labour market (1880-1914)
In which way was constructed the access to the labour market as an area in which are mobilized social forces and as an object of public policy, in France, between the crisis of the 1880's and 1914 ? Multidimensional competition among employment agents is at the heart of this thesis. The battle of employement instances opens in 1886 in Paris with a dispute between employees of the food industry and commercial agents accused of trading the labour demand. Free alternatives are then opened under the form of labour exchange fairs organized by trade unions and municipal job offices. Originally, these were philantropic instances similar to charity societies providing assistance through work. The gratuity of access to employment is proclaimed in March 1904, after an agitated legislative process sped up by intense union compaign. But a true public service providing access to work proves difficult to set up. The Republican synthesis is only fully realized in the couple of years before the First World War. The advent of restructured municipal and professional offices governed by joint commissions is driven by the Department of Labour in collaboration with social reformers and aimed at the reduction of unemployment. Such a birth is the result of hybridization of the logics at work in existing intermediaries and helps to erase the hitherto prodominant pluralism. The new public office is an essential tool for the construction of the labour market through its voluntary organization.
Cette thèse a donné lieu à une publication en 2017 par Presses universitaires de Rennes à Rennes
La bataille du placement : organiser et contrôler le marché du travail : France, 1880-1918