Thèse soutenue

La raison de l’odieux. Essai sur l’histoire d’une passion : la haine dans le premier XVIIe siècle

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Auteur / Autrice : Yann Rodier
Direction : Denis Crouzet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
Date : Soutenance le 17/11/2012
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Histoire moderne et contemporaine (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Roland Mousnier (Paris)
Jury : Président / Présidente : Alain Tallon
Examinateurs / Examinatrices : Denis Crouzet, Joël Cornette, Jean-François Dubost, Jan Miernowski, Benoist Pierre

Résumé

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Cette recherche a pour point de départ l’engouement suscité par le genre du traité des passions,soucieux de proposer une anatomie des passions de l’âme et en particulier de la haine. Celle-ci futincriminée aux lendemains des guerres de Religion dans le premier XVIIe siècle (1610-1659) comme laprincipale fautive dans le dérèglement du corps social. Une raison de l’odieux s’esquisse par la volonté dedomestiquer les effets funestes de cette odieuse passion mais aussi d’en faire un usage vertueux. Par letransfert à la pensée politique et religieuse du modèle anthropologique et moral d’une raison qui gouverneles passions haineuses, tous les champs de l’activité humaine se trouvèrent investis. Ce désir de pacifier lespassions du corps individuel comme du corps social et politique contribua à l’élaboration et à la diffusiond’une pensée théologico-politique favorable au renforcement de l’absolutisme. Le contrôle des mauvaisespassions impliqua de faire valoir le modèle d’une haine vertueuse, d’une raison de l’odieux, justifiée parl’exercice d’une passion d’Etat. La xénophobie politique voire étatique participa à l’artificialisation d’unehaine publique contre les « ennemis d’Etat » et renforça l’idée d’un sentiment ou d’un ressentimentnational. Il s’agit davantage de retracer l’imaginaire de la haine et de ses usages socio-politiques, plus qued’étudier cette passion comme une émotion. Le champ polémique des libelles, véritables fabriques del’odieux, permet d’étudier les stratégies politiques (anti-)pathiques mises en oeuvre, publicisées etinstrumentalisées dans l’écriture polémique, de la régence de Marie de Médicis aux ministères cardinaux deRichelieu puis Mazarin.