Thèse soutenue

Soi-même comme un monstre pour demeurer un territoire inconnu. Complexité linguistique et clandestinité dans la poésie francophone de Louisiane à la fin du XXème siècle

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Auteur / Autrice : Jean-François Caparroy
Direction : Beïda Chikhi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance le 25/05/2012
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre international d'études francophones
Jury : Président / Présidente : Jack Andrew Yeager
Examinateurs / Examinatrices : Beïda Chikhi, Priska Degras, Anne Douaire-Banny, Margaret A. Majumdar

Mots clés

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Résumé

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Pourquoi Jean Arceneaux, Deborah Clifton et David Cheramie – trois poètes francophones louisianais – font-ils le choix de se représenter sous les traits du monstre dans leur poésie ? L’étude comparée des recueils Cris sur le bayou, Suite du loup, A cette heure la louve et Lait à mère met en évidence l’existence d’un espace intertextuel, métaphorisé par les poètes eux mêmes sous les traits du « pays des loups », où les errances de leurs doubles poétiques dessinent les fondations d’un nouveau mythe américain.Dédoublement et enchâssement des différents alter ego de l’auteur en un processus poétique de « schizophrénie linguistique », projection de soi dans une figure monstrueuse à des fins de recolonisation d’un espace textuel devenu non-lieu poétique puis corps de substitution du poète, jeu carnavalesque où le texte devenu palimpseste figure une superposition de masques trahissant l’existence d’un monde littéraire caché, esthétique du louvoiement et prolifération d’une monstruosité formelle, tels sont les artéfacts poétiques mis en place par nos auteurs dans un jeu de stratégie du dire. Fidèles à une forme de pensée clandestine, les recueils donnent ainsi libre cours à une inversion des valeurs sociales, esthétiques et linguistiques, laissant le vide et le silence d’une condition d’aliéné devenir les matériaux d’une entreprise d’exploration mnésique à des fins de réhabilitation du soi.Se définissant dans cette difformité inscrite au cœur du texte, nos poètes semblent avoir réinventé et reconquis une langue française au potentiel performatif décuplé, faisant de cet Autre anglophone redouté, le complice médusé d’un rituel poétique de déconstruction et d’auto-gestation.