Auteur / Autrice : | Flora Valadié |
Direction : | Christine Savinel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études du monde anglophone |
Date : | Soutenance le 24/11/2012 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Études anglophones, germanophones et européennes (2009-2019 ; Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone |
Jury : | Président / Présidente : Nathalie Cochoy |
Examinateurs / Examinatrices : Christine Savinel, Nathalie Cochoy, Marie-Christine Lemardeley, Brigitte Félix, Jean-Yves Pellegrin |
Résumé
Les romans de Powers, Auster et Wideman sont travaillés par l’image et hantés par l’histoire. Au fil des pages, photographes, peintres, spectateurs visionnaires ou témoins aveugles signifient la toute-puissance d’une image qui, bien souvent, scelle la rencontre du regard et du passé. L’entrée dans l’image est aussi entrée dans l’histoire événementielle, et l’histoire quant à elle ne se donne à voir que sous forme d’image, photographique, picturale ou langagière. Cependant, l’image, qu’elle soit littérale ou littéraire, oppose une temporalité propre au temps de l’histoire : conjonction précaire du passé et du présent, simultanéité de temporalités disjointes, l’image, par son hétérogénéité même, disloque le cours de l’histoire. Dans les six romans de Powers, Auster et Wideman qui constituent le corpus de cette thèse, l’image apparaît alors comme le lieu de la conversion du temps chronologique en temps imaginaire ; par le truchement de l’image, le temps des horloges est suspendu tandis qu’afflue celui de la fiction. En reconfigurant le temps, l’image politise l’écriture des trois écrivains : parce qu’elle est en excès de tout discours historiciste, elle fait exploser les mythes fondateurs de l’Amérique et les postulats d’une histoire orientée. Elle démonte le discours du progrès chez Powers, brouille le code des couleurs chez Wideman, et vide le symbole de sa force consensuelle chez Auster. Elle ouvre un temps convulsif à l’intérieur du temps chronologique, et engage, par sa forme même, le regard qui se pose sur elle. Parce qu’elle est force explosive et fictionnante, l’image engendre alors une communauté qui ne communie plus autour de mythes et de symboles, mais s’éprouve en tant que fiction ; l’image apparaît ainsi comme une image « en reste », un résidu et une réserve qui désœuvre la communauté, défait toute clôture narrative et totalité organique, et réinvente les imaginaires du commun.