Thèse soutenue

Le sacrifice humain dans la littérature latine, mythes, légendes, historicité, représentations

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Auteur / Autrice : Jean-Yves Fournis
Direction : Philippe Heuzé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études latines
Date : Soutenance le 05/03/2012
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'études du Moyen âge (Paris)
Laboratoire : Centre d'études et de recherches antiques et médiévales (Paris)
Jury : Président / Présidente : André Daviault
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Heuzé, André Daviault, Pierre Cosme, Christiane Veyrard-Cosme

Mots clés

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Résumé

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Soixante auteurs latins, du troisième siècle avant JC jusqu’au cinquième siècle de notre ère, sont convoqués dans ce travail pour contribuer comme annalistes, historiens, généraux ou Césars à démêler l’écheveau des mythes, légendes, faits historiques attestés relatant un sacrifice humain à Rome et dans l’Empire. Bien peu de ces faits furent eux-mêmes reçus comme sacrifices humains par les Romains toujours prompts à les interdire dans les provinces conquises, affirmant ainsi la supériorité de leur civilisation. Notre regard de penseurs modernes, soutenu par la rémanence toujours actuelle de véritables sacrifices humains dans le monde, nous conduit à explorer la littérature latine et, nous appuyant sur les textes dans une approche comparative, à tenter de distinguer les meurtres, assassinats, châtiments, des pratiques rituelles de mises à mort sacrées d’êtres humains. Le recensement de ces sacrifices, au sens où notre conscience actuelle nous enjoint de les définir comme tels, aboutit à une typologie dans laquelle sacrifiés, sacrificateurs, divinités allocutaires prennent la place que des siècles de respect absolu de la Loi, de la tradition, de la religion ont désignée comme nécessaire à la pérennité des institutions et de l’imperium romains. Au cœur de ces pratiques, souvent maintenues pendant des siècles, la puissance du sacré émerge comme un fondement consubstantiel à l’Urbs, le substrat de croyances générées par l’époque archaïque et consolidées par une fidélité indéfectible aux prescriptions des patres conscripti. L’angoisse des Romains affrontés aux peuples italiques puis aux barbares du nord et du sud, le constat amer que leurs légions ne sont pas invincibles et furent souvent vaincues, génèrent au fil des siècles une psychose de pérennité et de domination imposant un recours constant aux dieux protecteurs. Confortés par l’enseignement des mythes, généreux dans la transmission des légendes et l’admiration des héros, tout imprégnés de la cruauté de récits sanglants, les auteurs latins ne conçoivent les sacrifices humains que comme la mise en œuvre de rites religieux légaux à valeur expiatoire ou propitiatoire dans les situations de danger extrême pour la Cité. Il faut attendre l’apparition des premiers apologistes chrétiens pour qu’émerge une condamnation définitive de toutes les pratiques sacrificielles tant animales qu’humaines, en parallèle au rejet des divinités et croyances ancestrales. Une ère nouvelle s’annonce pour Rome, ère qui ne verra pas la disparition totale de tout sacrifice humain dans l’Empire.